Alors que les questions touchant à l'immigration sont aujourd'hui l'enjeu d'un débat public confus, parfois malsain, cet ouvrage propose, en quelque 400 pages, un vaste inventaire des connaissances disponibles sur le sujet. Soucieux de rendre compte d'une réalité complexe, difficilement réductible à quelques slogans, les auteurs commencent par éplucher les concepts de base et la terminologie. L'occasion de rappeler, par exemple, que les immigrés ne sont pas tous des étrangers. « La nationalité est un processus juridique tandis que l'immigration est un processus social et démographique, indique Philippe Dewitte, historien et coordinateur du livre, on peut être né et avoir été scolarisé en France et donc ne pas être un immigré tout en conservant la nationalité de ses parents. » Après avoir passé au crible les spécificités des immigrés selon leur terre d'origine (Antilles, Portugal, Afrique, Algérie, Chine...), l'ouvrage aborde les problématiques liées à l'intégration puis s'attarde sur le poids des représentations dans la culture et l'histoire françaises. S'appuyant sur l'exemple des Italiens « européens et catholiques », Marie-Claude Blanc Chaléard démontre que, contrairement à une idée généralement répandue, leur intégration est loin de s'être faite naturellement : « Celle-ci commence en effet dans la haine et dans la violence au XIXe siècle pour se prolonger jusqu'aux années 50 dans le mépris général. » Un travail qui devrait contribuer à tordre le cou aux idées reçues, simplifications et autres contrevérités.
Immigration et intégration, l'état des savoirs - Sous la direction de Philippe Dewitte - Ed. La Découverte -160 F.