La ville de Béziers va désormais refuser les aides d'urgence municipales aux familles « perturbatrices » ou « impliquées dans une infraction d'une législation quelle qu'elle soit » ou encore dont « les enfants ne sont pas effectivement scolarisés ». La décision a été adoptée, le 9 mars, lors d'un conseil d'administration du centre communal d'action sociale (CCAS), avec l'accord du maire, Raymond Couder (DL). Alors que la ville a alloué, en 1998, 1, 8 million de francs d'aides (sous forme de bons alimentaires et de paiements de factures d'eau, d'électricité, de loyers...) à 2 000 familles en grande difficulté, le CCAS sera désormais chargé de vérifier la situation des personnes concernées et devra, le cas échéant, « notifier les motifs du refus d'attribution ainsi que la possibilité de revenir sur la décision » en cas de modification du comportement.
Tenant à réagir, l'Association nationale des assistants de service social (ANAS) (1) a indiqué, le 10 mars, qu'il n'était pas question d'espérer la contribution des assistantes sociales à cette démarche : « N otre expérience professionnelle nous fait dire que cette mesure n'ira pas dans le sens d'une réduction des difficultés, en incitant à la délation et à la violence. D'autre part, notre déontologie professionnelle nous interdit toute action de contrôle ou de dénonciation d'infraction, sauf dans des cas très précis de mineurs en danger. » Dans un courrier adressé le même jour à l'ANAS, Claude Coursin, assistante sociale à Aix-en-Provence (2), estime, pour sa part, qu'il importe de ne pas laisser passer de telles conceptions assimilant le travail social à une enquête policière : « C ette instrumentalisation de la profession par des politiques et des élus est très grave et dans “un devoir de vigilance”, je souhaiterais des réactions des travailleurs sociaux. »
(1) ANAS : 15, rue de Bruxelles - 75009 Paris - Tél. 01 45 26 33 79.
(2) Claude Coursin : 11, rue des Augustins - 13000 Marseille - Tél. 04 91 91 99 49.