A l'occasion de la journée internationale des femmes, le Conseil d'analyse économique (CAE), installé auprès du Premier ministre, a rendu public, le 5 mars, un rapport sur la place des femmes dans la vie économique (1). Rédigé par Béatrice Majnoni d'Intignano, professeur à Paris XII-Créteil, il démontre, contrairement à certaines idées reçues, que « la pleine participation des femmes à la vie professionnelle constitue un puissant facteur de croissance et une porte d'entrée dans un cercle vertueux de création de besoins, d'activités et d'emplois ». Cependant, faute d'une politique familiale adaptée, les femmes ont encore aujourd'hui beaucoup de mal à concilier vies professionnelle et familiale, par opposition à leurs homologues des pays nordiques.
Aussi, l'universitaire affirme-t-elle, qu'aujourd'hui « une politique nataliste est une politique féministe articulant famille et activité professionnelle ». Dans cette optique, elle préconise notamment la création d'un « droit de garde pour tout enfant de moins de trois ans » qui se matérialiserait par des chèques emploi familiaux « réservés à des gardes qualifiées, à domicile, à l'extérieur ou en crèches publiques et dans les entreprises, ou à la mère qui souhaite élever elle-même son enfant ». Une formule qui pourrait se substituer à la multitude complexe des aides actuelles (AGED, déduction d'impôt, aide aux crèches, Afeama et APJE) et qui serait financée par le redéploiement du supplément retraite (68 milliards de francs par an) et du supplément familial pour les fonctionnaires (20 milliards). L'auteur s'interroge aussi sur l'effet des « revenus de remplacement » comme l'allocation parentale d'éducation et l'allocation de parent isolé notamment. « Cette solution ouvre le piège de l'exclusion à long terme si la mère doit vivre indéfiniment de l'Etat-providence », constate-t-elle.
Le rapport propose enfin de réserver la réduction du temps de travail en priorité aux parents de jeunes enfants en contrepartie d'un allongement de la vie active et la mise en place d'un congé parental rémunéré d'une durée de six mois à un an.
Pierre-Alain Muet, conseiller de Lionel Jospin et responsable du CAE, a rappelé que ce rapport n'engageait pas le gouvernement. Visiblement réservé sur l'idée des chèques emploi familiaux, il a reconnu qu'il fallait examiner la « cohérence » de la politique familiale et « réconcilier politique féministe et politique nataliste ». Tel sera l'objet de la prochaine conférence de la famille prévue en juin prochain.
(1) Egalité entre femmes et hommes : aspects économiques - Béatrice Majnoni d'Intignano - La Documentation française : 29, quai Voltaire - 75344 Paris cedex 07 - Tél. 01 40 15 70 00 - 45 F.