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Comment mieux former les cadres du social ? Un rapport du CNAM invite à dépasser la concurrence entre les diplômes de la DAS et de l'université.

Véritable serpent de mer, la question des formations supérieures au travail social a été maintes fois soulevée, et encore récemment à l'occasion de la réforme du diplôme supérieur en travail social  (DSTS)   (1). Mais elle prend aujourd'hui une tonalité particulière avec le développement des nouveaux métiers de l'intervention sociale (DSU, ingénierie sociale). Car tout se passe comme si le système dual de formation (université/centres de formation spécialisés) ne faisait qu'accentuer la fracture du champ professionnel entre métiers traditionnels et fonctions plus récentes. Or, si « par sa politique diplômante, la DAS a contribué à construire la sphère du travail social, en structurant des fonctions diversifiées et en les incluant dans un ensemble commun, les fonctions d'encadrement ont partiellement échappé à cette logique », déplore un rapport du Conservatoire national des arts et métiers  (CNAM), effectué à la demande de la direction de l'action sociale  (DAS), sur les Fonctions d'encadrement et formations supérieures dans le secteur social   (2). Dès lors, qui « de l'université ou de l'appareil de formation au travail social doit être chargé de former les cadres du travail social ? », s'interroge-t-il.

Pas de réponse tranchée du CNAM, mais un premier rappel : les relations entre universités et formations supérieures en travail social oscillent « entre complémentarité et concurrence ». Ainsi, si le certificat d'aptitude aux fonctions de directeur d'établissement social  (CAFDES) bénéficie d'une légitimité assise notamment sur la réglementation, le DSTS souffre encore d'un manque de reconnaissance et ces deux diplômes se voient de plus en plus concurrencés par les DESS. Lesquels offrent pourtant une formation « très hétérogène » en termes de contenu et de niveau.

Mais au-delà de ce constat déjà connu, l'intérêt de l'analyse est de mettre en relief les usages que font de ce double système de formation les professionnels et les employeurs. A partir d'études déjà existantes, d'entretiens mais aussi de l'analyse des offres d'emploi du secteur (3), l'étude met en avant « l'existence de logiques de recrutement variées, faisant appel de façon très différenciée aux diplômes existants ». Dans la filière éducative, les diplômes de travail social (diplôme d'Etat d'éducateur spécialisé et CAFDES) jouent un rôle important. La référence à ceux-ci est en effet prévalante dans les annonces, quel que soit l'employeur qui recrute. En outre, les offres d'emploi se réfèrent bien à « une logique de métier » « accroissement en connaissances, en responsabilité et en statut vont de pair ». Ainsi, pour un directeur de petit établissement, par exemple, le recruteur exigera généralement, outre le CAFDES, une expérience professionnelle spécialisée. Néanmoins pour les fonctions de direction d'établissements importants, l'étude constate une demande de formation universitaire pointue venant compléter le CAFDES. A l'inverse, dans les secteurs plus récents et « moins balisés » (politique de la ville, chargés de mission) de l'intervention sociale mais aussi, parfois, pour des postes pourtant bien définis de la filière sociale de la fonction publique territoriale, le recrutement s'appuie « sur un mélange de savoir-être et de connaissances, voire seulement sur des compétences, sans que des domaines de connaissances ou d'expérience soient indiqués ». Et il n'est pas rare qu'il ne soit fait aucune mention à un diplôme de travail social. En revanche, il est fait appel aux diplômes universitaires qui viennent, ici, directement concurrencer le DSTS. Qu'attendent, de leur côté, les travailleurs sociaux de l'université ? « Des connaissances directement liées à l'exercice professionnel », constate le CNAM. Mais ils y cherchent aussi une homologation de niveau (bac + 3 ou+ 4) que n'offre pas toujours la formation initiale. Quant au DSTS, s'il est apprécié par les professionnels qui en espèrent une possibilité de promotion, il reste encore souvent « boudé » par les employeurs. Lesquels préfèrent majoritairement les diplômes d'Etat assortis d'une formation complémentaire.

Des diplômes à double label ?

Cette situation de double filière, apparaît donc insatisfaisante à tous les acteurs. Or, les professionnels et les employeurs « ne veulent ni une OPA de l'université sur ce secteur de formation attractif, ni une filière autarcique » intégrant des niveaux supérieurs. Ils sont donc en accord sur les objectifs à poursuivre : clarifier l'offre de formation universitaire professionnalisante en la rendant plus homogène, améliorer la pyramide des diplômes délivrés par la DAS, notamment en conférant le niveau I au CAFDES et en créant un autre diplôme à ce niveau pour les fonctions d'encadrement hors établissement. Enfin, améliorer la formation à la recherche. Mais les mêmes divergent sur les scénarios à adopter. En effet, la solution défendue par certains professionnels, qui consiste à instituer une véritable discipline « travail social », ne fait pas l'unanimité parmi les universitaires et les formateurs. Lesquels appellent plutôt de leurs vœux, la création de diplômes à double label (DAS, Education nationale), au niveau national, pour les uns, ou local, pour les autres.

Valérie Larmignat

Notes

(1)  Voir ASH n° 2065 du 3-04-98.

(2)  Et rendu au CSTS du 22 janvier - Voir ASH n° 2104 du 29-01-99 - CNAM - Département sociologie du travail - Elisabeth Dugué : 2, rue Conté - 75003 Paris.

(3)  L'analyse a été menée à partir de 232 annonces des ASH parues en 1998 et de 128 annonces de Télérama.

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