A la suite des nouvelles mesures sur la délinquance des mineurs présentées le 27 janvier à l'issue du Conseil de sécurité intérieure (1), les organisations professionnelles « prennent acte » de l'effort budgétaire annoncé et de l'esprit de continuité qui guide la plupart des orientations. Néanmoins, « de nombreuses interrogations » demeurent, soulignent-elles, relevant l'ambiguïté et le flou de certaines déclarations.
Ce sont surtout les centres de placement immédiat strictement contrôlés qui cristallisent toutes les inquiétudes. Ces derniers « ressemblent très sensiblement à la création d'une détention provisoire ou à une interdiction de séjour qui ne dit pas son nom », constate ainsi l'Union nationale des associations de sauvegarde de l'enfance, de l'adolescence et des adultes (Unasea) (2). Or, l'enfermement relève de la seule direction de l'administration pénitentiaire, affirme le Syndicat de la protection judiciaire de la jeunesse-Fédération de l'Education nationale-UNSA (3) pour lequel, ces centres « ne peuvent être qu'éducatifs ». Craignant également « une véritable régression » dans les modes de prise en charge, le Syndicat national des personnels de l'éducation surveillée-PJJ-FSU (4) réclame des éclaircissements sur la nature de ces structures. S'agit-il de succédanés de prison ? De structures fermées ? Ou « de réfléchir à l'organisation de l'accueil “immédiat” » ? Mais alors, pourquoi créer un nouveau sigle et ne pas réfléchir à l'existant ? s'interroge ainsi le syndicat dans une lettre ouverte adressée, le 1er février, à Elisabeth Guigou et à la directrice de la PJJ. Des inquiétudes partagées par le Syndicat de la magistrature (5) pour lequel ces centres sont « une véritable négation des mesures éducatives ». Et alors que ces foyers « devraient être des lieux d'évaluation éducatif et psychologique des mineurs en lien avec les familles », souligne-t-il.
Mais c'est aussi sur la question des moyens que les organisations réclament des précisions. Si l'effort budgétaire pour la PJJ est « sans précédent », il ne doit pas se limiter aux éducateurs, relève le SPJJ-FEN-UNSA. « Avons-nous enfin été entendus, et aux manques criants en personnels dans toutes les structures - y compris le milieu ouvert - des solutions vont-elles être proposées ? », se demande le SNPES-PJJ-FSU, souhaitant des informations sur les modalités de recrutement des 1 000 emplois d'éducateurs d'ici à 2001 et le recrutement des 2 500 emplois-jeunes. Par ailleurs, si l'Unasea accueille favorablement la création de nouvelles maisons de justice, l'augmentation du nombre des magistrats de l'enfance et des délégués du procureur, elle rappelle, qu'en parallèle, des moyens doivent être accordés à la mise en œuvre des décisions pour « rendre immédiate et visible la réponse judiciaire aux premières manifestations de délinquance ».
(1) Voir ce numéro.
(2) Unasea : 118, rue du Château-des-Rentiers -75013 Paris - Tél. 01 45 83 50 60.
(3) SPJJ-FEN-UNSA : 48, rue La Bruyère - 75440 Paris cedex 09 - Tél. 01 40 16 78 13.
(4) SNPES-PJJ-FSU : 54, rue de l'Arbre-Sec - 75001 Paris - Tél. 01 42 60 11 49.
(5) Syndicat de la magistrature : BP 155 - 75523 Paris cedex 11 - Tél. 01 48 05 47 88.