Après celles des régimes des fonctionnaires et des deux caisses complémentaires ARRCO et AGIRC (1), ce sont les projections financières de la retraite de base des salariés du privé (la CNAV) que les partenaires sociaux devaient examiner, le 7 janvier, dans le cadre de la mission Charpin sur l'avenir des retraites. Ils disposent donc désormais des projections de l'ensemble des régimes, confirmant la forte progression de leurs besoins de financement d'ici à 2040.
Dans une note de synthèse, le Commissariat général du Plan estime, en effet, que les dépenses de retraite devraient représenter de 15 % à près de 17 % du produit intérieur brut (PIB) en 2040, contre environ 12 %actuellement. « Les dépenses de retraite triplent pratiquement à l'horizon 2040, alors que la masse salariale double », expliquent les experts. Lesquels, étudiant plusieurs scénarios avec respectivement des taux de chômage de 9 %, 6 % et 3 %, relèvent que « les difficultés du marché de l'emploi ont à long terme un effet moins important que les modifications structurelles, c'est-à-dire l'allongement de l'espérance de vie et l'arrivée à l'âge de la retraite des générations nombreuses ».
Mais surtout, « une hausse supplémentaire, même forte, de la population active occupée aurait un effet minime sur les comptes des régimes », note le Plan. Ainsi, par exemple, la CNAV devrait connaître d'ici à 2040 une « forte dégradation » du rapport démographique entre cotisants et retraités, le nombre de cotisants par retraité passant de 1,7 actuellement à 0,8 ou 0,9 (scénarios 1 et 2). D'où un fort accroissement des besoins de financement de la caisse qui atteindraient 149 milliards en 2020 et 403 milliards en 2040 dans le premier scénario, 125 milliards en 2020 et 380 milliards en 2040 dans le second. Et même avec un taux de chômage de 3 %, le déficit pour la CNAV resterait néanmoins élevé avec 215 milliards en 2015 et 347 milliards en 2040. Pour compenser ces besoins de financement, les taux de cotisations devraient être relevés de 8,6 à 11,2 points, selon les différents scénarios. De même, les experts démontrent-ils que les transferts de compensation entre régimes (2) « ne modifient qu'à la marge l'analyse sur les comptes des régimes ».
Rappelons que Jean-Michel Charpin doit rendre ses conclusions fin mars, Lionel Jospin ayant indiqué, le 6 janvier, que le gouvernement « aborderait » la question de la réforme du système des retraites au second semestre 1999.
(1) Voir ASH n° 2099 du 25-12-98.
(2) Mécanismes qui corrigent les déséquilibres démographiques entre régimes de salariés et de non-salariés et les écarts de capacité contributive entre régimes de salariés ou entre régimes spéciaux.