Dans le cadre de la concertation actuellement menée sur l'avenir des retraites, le commissaire au Plan, Jean-Michel Charpin, a présenté aux partenaires sociaux, lors d'une réunion le 3 décembre, un document sur les perspectives des retraites à l'horizon 2040 établi à partir des études prospectives de l'INSEE et des ministères en charge de l'emploi et de l'économie.
Selon les études, « le choc financier sur notre système de retraite est inéluctable » à l'horizon 2040. Les causes démographiques sont connues et admises. D'une part, le poids des plus de 60 ans dans la population totale, qui était de 20 % en 1995, passera à 27 %en 2020 et à 33 % en 2040. Concrètement, à cette date, un Français sur trois aura plus de 60 ans. D'autre part, l'augmentation continue de l'espérance de vie se traduira par un allongement de la durée de la retraite. C'est ainsi, qu'à âge légal de la retraite inchangé, les générations nées en 1970 peuvent tabler sur une durée théorique de leur retraite de 23 ans, soit plus du double du temps passé en retraite par leurs aînés nés en 1910. Des facteurs qui expliquent la baisse de la population active puisque le rapport entre les effectifs de retraités et les effectifs de cotisants double quasiment entre 1995 et 2040, passant de 4 retraités pour 10 actifs actuellement à 7 retraités pour dix actifs en 2040, le point d'inflexion se situant aux environs de 2006.
Pour contrecarrer cette baisse de la population active après 2006, « il existe des marges de manœuvre plus ou moins importantes », explique l'étude. Sur le plan strictement démographique, si une évolution plus favorable des taux d'activité des femmes et des jeunes n'aurait qu'un impact relativement faible, « un relèvement progressif de 5 ans de l'âge effectif de la retraite entre 2000 et 2020 conduirait à un surcroît d'actifs de 2,7 millions en 2040 » et « permettrait de maintenir le poids des retraités dans la population totale à son niveau actuel jusqu'en 2020 ». De même, une modification du solde migratoire pourrait avoir un impact très important. Ainsi, « un solde migratoire annuel moyen de 150 000 personnes environ entre 2007 et 2025 permettrait de stabiliser la population active », est-il encore indiqué.
Autre variable d'ajustement, économique cette fois, la hausse du prélèvement retraite qui, à réglementation inchangée, « devrait accélérer dès 2006 et apparaît considérable à l'horizon 2040 ». Surtout, les simulations effectuées mettent en évidence « un problème d'arbitrage » entre actifs et retraités. Dans l'optique où la parité de niveau de vie serait maintenue entre eux, le taux de cotisation d'équilibre se trouverait multiplié par 1,6 à l'horizon 2040. « Une croissance plus faible de ce prélèvement ne pourrait se faire qu'au prix d'une baisse du niveau de vie relatif des retraités. A l'extrême, si tout l'effort d'ajustement portait sur les retraités, leur niveau de vie serait divisé par deux en 40 ans. »
Par ailleurs, une hausse des cotisations des entreprises pourrait avoir un effet néfaste sur l'emploi, selon le document. L'évolution démographique aura, certes, comme effet mécanique de voir le chômage décroître rapidement de 12 % en début de période à 9 % en 2005 et se stabiliser ensuite à ce niveau « considéré actuellement comme le niveau de chômage structurel de l'économie française ». Mais cette baisse du chômage pourrait être « contrariée » par une augmentation des cotisations vieillesse nécessaire au financement des retraites. « Une hausse de 10 points des taux de cotisation sociale supportés par les entreprises serait susceptible d'entraîner une hausse du taux de chômage d'équilibre de 2 points », conclut la note.