Fin 1998, le nombre de personnes vivant en France avec le virus du sida (y compris au stade du sida déclaré) serait de l'ordre de 120 000 (90 000 hommes et 30 000 femmes) selon les chiffres du Réseau national de santé publique publiés à l'occasion du 1er décembre. Durant le premier trimestre 1998, 400 décès ont été enregistrés et 1 100 nouveaux cas de sida ont été diagnostiqués soit respectivement cinq fois moins et 2,5 fois moins qu'à la même période en 1996. Quant au nombre de nouveaux cas de séropositivité découverts chaque année, il reste stable depuis plusieurs années : environ 5 000 en 1997 dont 70 % d'hommes.
Néanmoins, ces progrès ne doivent pas masquer le fait que beaucoup de personnes infectées (44 % des cas de sida diagnostiqués au premier trimestre 1998) ne découvrent leur séropositivité qu'au moment de l'apparition du sida déclaré, rappelle le Réseau national de santé publique. D'où la nécessité d'informer « de façon plus spécifique » certains groupes de population, « essentiellement les personnes contaminées par voie hétérosexuelle et celles de nationalité étrangère en particulier d'Afrique subsaharienne », sur les bénéfices du dépistage et la possibilité d'être traité. Sachant que, malgré la baisse de la mortalité liée aux nouvelles thérapies, le nombre de personnes vivantes ayant développé le sida a tendance à augmenter : 6 700 au 30 juin 1990, 18 000 en 1996 et 20 500 en 1998.
C'est ainsi que, malgré la diminution des décès dus au sida grâce aux nouvelles thérapies, la France mais aussi l'Europe occidentale et l'Amérique du Nord « n'ont pas réussi à mettre un frein à l'épidémie », note le rapport annuel Onusida publié le 24 novembre. Lequel relève d'ailleurs « un manque préoccupant de progrès dans la prévention », les cas d'infection étant de plus en plus concentrés dans les couches les plus pauvres de la population. Un constat d'autant plus alarmant qu'au niveau mondial, l'épidémie a continué de progresser fortement en 1998 avec 5,8 millions de nouveaux cas de contamination, dont la moitié parmi les jeunes, le virus se propageant particulièrement dans les pays en voie de développement.
C'est bien d'ailleurs ce message de prévention, mais également d'information et de sensibilisation sur la maladie et les risques d'exclusion sociale et professionnelle qu'entendaient défendre, une nouvelle fois, les associations et les différents partenaires mobilisés, le 1er décembre, lors de la journée mondiale de lutte contre le sida. Laquelle a été l'occasion, à Paris et en province, de nombreuses initiatives (débats, marches de solidarité, expositions) et notamment de l'ou- verture par l'Association de lutte contre le sida d'un site Internet d'information et d'échange sur la maladie (1).
(1)