Depuis le 2 novembre, les travailleurs sociaux du Comité mosellan de sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence (CMSEA) (1) refusent d'assister aux audiences de l'un des juges des enfants du tribunal des mineurs de Metz dont ils jugent « les attitudes insupportables, tant à l'égard des salariés qu'à l'égard des jeunes et des familles ». Un boycott mené à l'appel des syndicats FO action sociale et CFDT Santé-sociaux de Moselle (2). En effet, « le travailleur social comparaît désormais aux audiences en tant que justiciable et non comme professionnel », protestent les deux organisations qui dénoncent les « remarques désobligeantes », les « attaques verbales », la « mise à la porte en cas de prise de parole non autorisée », les « menaces de sanctions » et la « remise en cause des compétences ». Pour l'heure, ce sont les cadres du CMSEA qui représentent les différents services (SIOE, placement familial, AEMO, SSAE, foyers) aux audiences du juge. Toutefois, les représentants syndicaux, qui ont alerté les autres juges des enfants, les autorités judiciaires et l'inspection du travail, ne souhaitent pas que « s'éternise cette situation préjudiciable à l'intérêt des familles ». Et ils annoncent la tenue d'une assemblée générale des salariés, le 17 décembre, afin de décider de la suite à donner au mouvement. Quant au juge mis en cause, contacté par les ASH, il n'a pas souhaité faire de commentaire.
Le boycott des salariés du CMSEA n'est cependant pas une première dans le département puisque les travailleurs sociaux de l'aide sociale à l'enfance, soutenus par la CFDT Interco de Moselle, menaient déjà, depuis le 6 octobre, une grève de toutes les audiences au tribunal des mineurs de Metz (3). Eux aussi se plaignent d'une « dégradation de leurs conditions de travail » et de leurs mauvaises relations avec les juges des enfants. Mais, surtout, ils entendent protester contre la judiciarisation de la protection de l'enfance dans le département. Un phénomène qui expliquerait, selon eux, leurs difficultés actuelles avec la justice des mineurs. Et ils considèrent être victimes du conflit opposant les services de l'ASE aux magistrats. Aussi les travailleurs sociaux du département réclament-ils une redéfinition du rôle de l'ASE et la création d'un service susceptible de prendre en charge des mesures d'AEMO administrative. Ce qui permettrait de désengorger le tribunal, au moins partiellement.
(1) Le CMSEA compte 900 salariés.
(2) Intersyndicale CFDT-FO CMSEA : 14, avenue de Nancy - BP 20628 - 57010 Metz cedex 1 - Tél. 03 87 63 85 46.
(3) CFDT Interco Moselle - Section des services départementaux - Hôtel du département - BP 11096 - 57036 Metz cedex 1 - Tél. 03 87 37 57 49.