Le projet de créer des centres d'accueil spécialisés pour mineurs isolés (1) soulève « plusieurs questions graves », indiquent, dans une lettre ouverte adressée le 18 novembre à Martine Aubry et Elisabeth Guigou, cinq associations (2). En effet, instaurer un dispositif spécifique pour des mineurs, parce qu'ils sont étrangers, serait « contraire au principe constitutionnel d'égalité et à tous les textes concernant les mineurs en France », écrivent-elles. Soulignant qu'il existe « une structure normalement en charge des mineurs ayant besoin d'une protection sociale : l'ASE » , les organisations estiment nécessaire, plutôt que de créer une structure de régime dérogatoire, de doter ces services d'outils et de moyens humains leur permettant d'accompagner la demande d'asile. Des professionnels extérieurs déjà formés ou « des agents de l'ASE spécialement formés pourraient intervenir en appui des services et éventuellement regrouper les mineurs concernés, qui bénéficieraient par ailleurs - et c'est un point central - des autres compétences de l'ASE et d'une réelle protection physique » ,suggèrent-elles.
En outre, dans le cadre du projet actuel, quel sera le sort des enfants dont la demande d'asile n'aura pas été acceptée ? Enfin, pourquoi priver certains enfants de « deux bénéfices » permis par la réglementation de l'ASE : une prise en charge éventuelle jusqu'à l'âge de 21 ans et l'accès à la nationalité française, s'interrogent encore les associations.
(1) Voir ASH n° 2094 du 20-11-98.
(2) Le Gisti, la Cimade, le Collectif des accidentés du travail, des handicapés et retraités pour l'égalité des droits, la Conférence nationale des associations familiales laïques, Femmes de la terre - c/o GISTI : 3, villa Marcès - 75011 Paris - Tél. 01 43 14 84 84.