C'est le 24 novembre que le Comité français d'éducation pour la santé a rendu publiques les conclusions du Baromètre santé jeunes 1997-98 (1). Première du genre, cette enquête, réalisée auprès de 4 000 adolescents de 12 à 19 ans -scolarisés ou non -, dresse le portrait d'une classe d'âge à travers ses préoccupations en matière de santé et de qualité de vie.
Premier constat, plutôt rassurant, 95 % des jeunes considèrent que leur état de santé est satisfaisant. Et 88 % d'entre eux disent avoir été vaccinés depuis moins de cinq ans. Néanmoins, les filles sont plus nombreuses à se plaindre de douleurs et consultent plus fréquemment un psychiatre, un psychanalyste ou un dentiste. En outre, 55 %des jeunes indiquent avoir pris un médicament au cours du mois dernier contre la douleur, la nervosité ou pour dormir. Plus encourageant, 87 % d'entre eux déclarent avoir utilisé un préservatif la première fois - soit 10 % de plus qu'en 1994. Comportement qui, malheureusement, est moins fréquent à mesure que l'âge augmente.
Pas de surprise quant à la consommation de drogues. Près de la moitié des jeunes (49 %) se sont déjà vu proposer ce type de produits et plus de 28,3 % disent avoir déjà essayé. L'étude venant confirmer que le cannabis reste la drogue principalement consommée.
Phénomène inquiétant, au cours des 12 derniers mois, 7,8 % des jeunes reconnaissent avoir été frappés ou blessés physiquement au moins une fois. Près d'un jeune sur dix (8 %) affirme avoir commis un acte violent sur quelqu'un. L'étude relevant d'ailleurs que lorsque le père de naissance est absent, le nombre d'adolescents ayant été violents envers autrui augmente (12 %). En outre, 3,2 % des jeunes de 12 à 19 ans ont été victimes d'un racket au cours des 12 derniers mois. Et plus grave, 3,2 % des jeunes filles avouent avoir subi des rapports sexuels forcés, au moins une fois, au cours de leur vie.
Autre signe préoccupant confirmé par l'enquête : 10,5 % des 15-19 ans ont pensé au suicide pendant l'année. Les jeunes issus des familles monoparentales et recomposées y sont d'ailleurs plus sensibles, relève l'étude, soulignant, que « le chômage de la mère, voire l'absence d'une figure maternelle à la maison, sont en relation avec les pensées suicidaires ». A noter également l'importance des « conduites d'essai », puisque 15 % des adolescents déclarent avoir fait quelque chose de risqué « par plaisir ou par défi ».
Mais au-delà d'un certain mal-être que les garçons tendent à traduire en actes, les filles exprimant plutôt une souffrance « interne », l'enquête met en évidence l'importance de la famille. Selon les jeunes, 83,4 % des parents veulent savoir où ils sont et 75 % écoutent leurs idées. Les parents « contrôleurs » étant aussi les plus sensibles au dialogue, note l'étude. Aussi, la démarche d'éducation pour la santé auprès des 12-19 ans doit s'élaborer en priorité au sein de la famille, insiste-t-elle. Dimension pourtant qui, jusqu'à présent, a été peu prise en compte dans les stratégies de santé publique. Sachant que le deuxième lieu de vie auquel les jeunes sont fortement attachés est l'école : près de 90 % aiment y aller. Ce qui n'empêche qu'en cas de difficulté, ils sont une très faible proportion « à déclarer l'aide qu'ils espèrent auprès d'adultes en responsabilité éducative ».
(1) En partenariat avec le ministère de l'Emploi et de la Solidarité, l'assurance maladie, le Haut-Comité de la santé publique, la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les toxicomanies et la mutualité sociale agricole - CFES : 2, rue Auguste-Comte - BP 51 - 92174 Vanves cedex - Tél. 01 41 33 33 33.