« La hausse des revenus d'une génération à la suivante cesse pour les générations nées après 1945 », constate l'INSEE dans une étude sur les revenus et le patrimoine des ménages (1) rendue publique le 12 novembre. Aujourd'hui, les ménages de 25-35 ans ont ainsi le même revenu (par unité de consommation et en francs constants) que ceux qui avaient le même âge, il y a 10 ou 20 ans. Ils connaissent donc une dégradation relative de leur niveau de vie, d'autant que leur patrimoine stagne également. Les jeunes générations sont notamment « moins nombreuses que leurs aînées à accéder à la propriété de leur résidence principale avant 40 ans ».
Ce constat d'inégalité entre générations vient se greffer sur celui, plus connu, des disparités globales entre les Français. Celles-ci restent fortes puisque, entre autres, 30 % du patrimoine des ménages est toujours détenu par 5 % d'entre eux. Et si les inégalités entre les catégories socioprofessionnelles tendent à se réduire, elles se creusent entre les chômeurs et ceux qui ont un emploi stable, rappellent les enquêteurs. Des inégalités que comblent partiellement seulement les transferts sociaux. Ainsi, après ceux-ci, le revenu disponible des familles monoparentales ou nombreuses reste inférieur de 25 % à la moyenne, même si la réduction de la pauvreté opérée par ces revenus secondaires est plus forte pour ces familles que pour les personnes seules sans enfants.
L'étude souligne enfin l'importance prégnante des inégalités territoriales de niveau de vie, ajoutant à sa carte de la métropole (2) une enquête soulignant les disparités entre cette dernière et l'outre-mer. Les revenus varient en effet du simple au double entre la Réunion et l'Ile-de-France. Et les taux de pauvreté peuvent atteindre 23 % dans les DOM, contre 10 % en métropole.
(1) « Revenus et patrimoine des ménages » - 1998 - Synthèses n° 19 - INSEE - 91 F.
(2) Voir ASH n° 2092 du 6-11-98.