Dans une lettre commune adressée à Martine Aubry, ministre de l'Emploi et de la Solidarité, les directeurs de caisses d'assurance maladie, d'allocations familiales et l'association Médecins sans frontières (MSF), font part des craintes que leur inspire le rapport Boulard sur la couverture maladie universelle (CMU) (1).
Entre les trois scénarios proposés par Jean-Claude Boulard, le gouvernement semblerait s'orienter vers une gestion par les mutuelles et les compagnies d'assurance d'une prestation versée par les caisses d'allocations familiales, « solution inadaptée » indiquent les signataires.
Ils estiment en effet que cette option « entérine le principe d'une assurance obligatoire minimale, qui doit être complétée par une assurance complémentaire en théorie facultative ». Considérant cette situation comme source d'exclusion, ils condamnent à la fois son inefficacité et sa complexité. Des craintes qui sont partagées par bon nombre d'associations œuvrant, au quotidien, pour la lutte contre les exclusions (2).
Regrettant « l'image des CAF déjà dégradée par la multitude des prestations qu'elles ont à gérer », les auteurs de la lettre s'opposent à une gestion par ces dernières d'une telle prestation, estimant qu'elle aurait pour effet de « brouiller un peu plus les périmètres d'intervention des organismes de sécurité sociale, et d'aggraver les difficultés des assurés à identifier les rôles des services ».
Optant pour « l'attribution aux CPAM de la gestion de la part primaire et de la part complémentaire des remboursements des soins en fonction des revenus des assurés » (autre solution figurant dans le rapport), les directeurs de caisses de sécurité sociale considèrent qu' « un guichet unique ne peut être unique que s'il est géré par les CPAM ».
(1) Voir ASH n° 2084 du 11-09-98.
(2) Voir ASH n° 2085 du 18-09-98.