« [...] Un jeune autiste vers 12-14 ans peut prétendre, selon les textes, à pouvoir être accueilli en IME, au regard de son autonomie et de l'équilibre de ses troubles du comportement. Cependant, il arrive trop souvent que les structures sollicitées, proches du domicile, nous répondent par la négative, évoquant un manque de place qui cache la vraie raison du refus : une pathologie trop lourde. Inutile de dire que le jeune est rarement convoqué pour un processus d'admission, les réponses sont faites uniquement à partir du dossier détaillé de candidature établi par la structure qui oriente.
« Après un refus sur le département, on tente d'orienter le jeune vers les départements limitrophes qui, eux, répondent de la même façon en évoquant les coûts du transport en raison de l'éloignement géographique, et la lourdeur de la pathologie proposée. Il reste alors à étendre la recherche sur la France entière, ce qui se résume à s'adresser aux départements tels que la Lozère, l'Aveyron, la Creuse, les Pyrénées... [...] On en arrive donc, à ce stade, à poser une indication d'internat pour tenter de trouver une structure susceptible de pouvoir répondre aux besoins du jeune, même si médicalement il n'a jamais été pronostiqué un internat thérapeutique.
« En règle générale, ce type d'orientation rencontre les mêmes réponses que celles citées précédemment. Il arrive qu'il puisse y avoir une réponse favorable. Cependant les conditions d'accès en transport SNCF ou le temps de voyage en voiture sont tels que la famille annule toute prise en charge. Intervient alors l'orientation vers la Belgique qui représente uniquement trois heures de voiture (1 h 30 en TGV), la majorité des établissements se situant à 20 km de la frontière franco-belge. Les enfants peuvent revenir un ou deux week-ends par mois et le travail avec les familles est assuré au même titre que celui prévu dans un IME en France au titre des annexes XXIV. Il est certain que procéder à une orientation en Belgique, c'est orienter le jeune vers l'étranger, mais “étranger” beaucoup plus proche qu'une structure située en Corrèze ! [...]
« Je parle aujourd'hui des autistes mais il en est de même pour les polyhandicapés. [...] Je sais également que nous sommes plusieurs à “bricoler” des placements en Belgique afin d'éviter que la structure familiale du jeune autiste que l'on remet au domicile [faute de place] après dix ans de prise en charge en externat, n'éclate dans tous les sens. [...]
« Or, aujourd'hui, ce bricolage est de moins en moins facile. En effet, l'ASE refuse toute prise en charge pour le placement en Belgique d'un enfant relevant de la CDES, s'il n'y a pas un financement de la sécurité sociale. Il en est de même pour la justice qui ne prend plus d'ordonnance de placement provisoire au titre de l'ASE pour ce type d'enfant quand nous la sollicitons au titre de la protection du mineur que nous estimons être en danger : faute de soins et par les retentissements de ses troubles du comportement [...] sur sa cellule familiale. Au moment où le schéma régional des équipements est en constitution, il serait souhaitable de régler ce problème en globalité en Ile-de-France où, selon l'Uriopss, il manque la moitié des structures nécessaires. »
(1) M.-C. Vieira : IPPA - 17, avenue Anatole-France - 94000 Créteil - Tél. 01 42 07 17 61.
(2) Voir ASH n° 2084 du 11-09-98.