A quelques semaines du dépôt de projet de loi sur la couverture maladie universelle, Médecins sans frontières (MSF) (1), après la FNARS et Médecins du monde (2), a exprimé, le 28 octobre, ses vives inquiétudes sur les orientations envisagées par le gouvernement. L'organisation réclame ainsi un droit universel à l'assurance maladie sur simple critère de résidence, sans avoir à justifier d'un statut, d'une cotisation, d'un salaire... Opposée au maintien ou à l'extension de la notion d'ayant droit suggérée par le rapport Boulard, elle se prononce pour un droit personnel à l'assurance maladie ouvert dès l'âge de 16 ans. Pas question non plus, pour MSF, de prévoir un effort contributif de 30 F par mois pour les personnes dont les ressources sont supérieures au RMI. Cette discussion sur la participation de ces populations « occupées à survivre » est un débat « obscène », s'est insurgée Noëlle Lasne, responsable de la mission France. Laquelle juge nécessaire l'instauration d'un barème national de ressources opposable sur la base du minimum vieillesse, la dispense totale d'avance de frais pour les personnes aux revenus inférieurs à ce barème et la généralisation du tiers payant.
Mais surtout, l'organisation est totalement opposée à la gestion de la couverture complémentaire par les mutuelles et les assurances. S'appuyant sur certaines expériences déjà mises en place localement, celle-ci dénonce « la logique de gestion du risque » de ces organismes et les dangers de sélection, voire d'exclusion que ne manquerait pas d'entraîner un tel système. La totalité de la couverture sociale des personnes dont les ressources sont inférieures au seuil de pauvreté doit être « effectivement prise en charge par l'Etat » et gérée par un seul guichet, celui de la caisse primaire d'assurance maladie, estime-t-elle.
(1) Médecins sans frontières : 8, rue Saint-Sabin - 75544 Paris cedex 11 - Tél. 01 40 21 29 29.
(2) Voir ASH n° 2085 du 18-09-98.