ASH : La fonction de maîtresse de maison constitue-t-elle un « nouveau métier » ? F.C. : Je n'en suis pas sûr, même si nous utilisons cette expression dans le bilan que nous avons fait de l'action prioritaire régionale. En fait, la fonction de maîtresse de maison est plutôt une recomposition d'activités existantes, sachant que sous cette appellation, on trouve des profils et des niveaux de formation très différents. A Promofaf, la réflexion est partie d'établissements, essentiellement des maisons d'enfants à caractère social, qui sont passés de l'orphelinat classique à des structures plus éclatées, du type unités de vie. Auparavant, il y avait des cuisiniers, des femmes de ménage, des lingères... la plupart d'entre eux n'ayant pas beaucoup de rapports avec les enfants. Or, dès l'instant où l'on s'est mis à travailler en unités de vie, ils ont été amenés à concourir à l'activité quotidienne des groupes. Par exemple, le soir, la maîtresse de maison aide au repas et fait la vaisselle. Mais, si elle le souhaite, elle peut aussi raconter des histoires aux enfants, pourvu que ça se fasse en accord avec les éducateurs. ASH : Justement, n'existe-t-il pas un risque de concurrence avec les métiers éducatifs ? F.C. : C'est une vraie question, mais il clair que les maîtresses de maisons ne font pas un métier éducatif. Elles concourent à l'éducatif. Leur mission est de participer à l'accueil et à l'accompagnement des jeunes dans la vie quotidienne, avec la compétence des services généraux. Ainsi, elles n'ont pas accès aux dossiers des enfants et n'assistent pas aux réunions de synthèse. Et si elles se posent des questions sur les enfants, c'est aux éducateurs de leur répondre. Concrètement, le fait qu'elles prennent en charge le goûter, le repas et la distribution de linge permet aux éducateurs de se consacrer à d'autres tâches, notamment au suivi des devoirs scolaires. De même, une maîtresse de maison peut s'occuper des achats de vêtements, avec les enfants. Evidemment, le risque existe que les éducateurs se trouvent un peu déconnectés du quotidien des enfants. C'est pour cette raison que la présence des maîtresses de maison doit abso lument s'inscrire dans une organisation du travail repensée. Il s'agit d'intégrer les nouvelles compétences et non de les juxtaposer. Autrement on a toutes les chances de créer des rivalités qui n`ont pas lieu d'être. ASH : Faut-il officialiser cette nouvelle fonction, par exemple dans les conventions collectives et par une formation qualifiante ? F.C. : Nous avions mis en place une formation spécifique, de niveau V, dans le cadre de l'action prioritaire régionale. Or, les deux organismes auxquels nous l'avions confiée l'ont maintenue à leur catalogue. C'est la preuve qu'elle répond à un véritable besoin, au moins en Rhône-Alpes. Reste maintenant à savoir comment on va reconnaître cette fonction. Promofaf a demandé à la commission nationale paritaire de l'emploi d'inscrire cette question à l'ordre du jour. Mais, pour l'instant, ça ne paraît pas simple, car cela impliquerait de toucher à la convention collective et aux classifications. Cependant, l'étude que nous avons menée montre que l'intégration des maîtresses de maison dans les établissements ne s'est pas traduite par des transferts de postes éducatifs sur des postes de services généraux, mais par un véritable accès à l'emploi au bénéfice de personnes peu qualifiées. Propos recueillis par J.V.
(1) Former les maîtresses de maison. De l'analyse d'une réalité professionnelle à la construction d'un emploi qualifié, conduite dans le cadre d'une action prioritaire régionale - Disponible au siège national de Promofaf : 9, rue Maryse-Hilsz - 92309 Levallois-Perret cedex - Tél. 01 49 68 10 10 - 50 F (port compris).
(2) « Les maîtresses de maison : vers un nouveau métier ? » - Conférence organisée par Promofaf-Rhône-Alpes : 8, rue Victor-Lagrange - 69007 Lyon - Tél. 04 78 61 16 85.