Pour 58 % des enseignants et des travailleurs sociaux interrogés, « l'attitude la plus fréquente des parents en réaction à leurs problèmes est de démissionner ». C'est ce qui ressort notamment de l'enquête réalisée par le Centre de recherches pour l'étude et l'observation des conditions de vie ( Crédoc ), à la demande de l'Ecole des parents et des éducateurs d'Ile-de-France (1), sur le partenariat entre les parents et les professionnels que rencontre l'enfant en dehors de chez lui. Une étude dont l'intérêt est de confronter les avis des différentes personnes concernées : parents, enseignants, animateurs sportifs et culturels, travailleurs sociaux et enfants. Ainsi, le « manque d'autorité » e t « l 'existence de difficultés relationnelles » arrivent devant les problèmes scolaires dans la liste dressée par les professionnels socio-éducatifs. La majorité de ceux-ci considère donc « a voir un rôle à jouer dans l'éducation des enfants », en se passant éventuellement de la collaboration des parents, voire, pour 58 %, en agissant « dans certains cas à l'encontre de l'éducation des parents ».
Un tableau qui contraste nettement avec la représentation que les parents, en général, se font de leur rôle éducatif. Ils s'estiment en effet massivement responsables de l'éducation de leur enfant : c'est bien leur rôle de « transmettre des valeurs » (94 %) et de réagir quand l'enfant transgresse l'interdit. Ils souhaitent, en outre, conserver leur autonomie éducative et disent donc avoir moins besoin d'aide que de « c onnaissances, de moyens financiers ou encore de temps à consacrer à l'enfant ». Ils sont d'ailleurs partagés sur la place à laisser aux professionnels dans l'éducation de l'enfant. Si 55 % des parents pensent qu'elle est aussi l'affaire de ces derniers, ils les jugent moins légitimes pour les seconder dans leur rôle éducatif que la famille élargie. En outre, précise le Crédoc, « l orsque les parents accordent un rôle aux professionnels, ils font en général référence aux seuls enseignants ». Ainsi, entre l'autonomie revendiquée par ces derniers et le sentiment de légitimité éducative des professionnels, le partenariat semble délicat à construire. Ils partagent pourtant la même conception de l'éducation : transmettre des valeurs aidant à l'intégration sociale des enfants. Mais, au vu de leurs réponses, ces derniers « ne semblent pas souffrir » de la multiplicité et des contradictions des adultes qui les entourent, constatent les chercheurs. Ils « profitent » même de cette diversité. Enfin, s'ils attribuent un grand rôle à leurs professeurs et à leurs grands-parents en ce qui concerne l'apprentissage, les enfants rappellent que celui-ci n'est pas l'apanage des adultes et qu'il passe également « par les copains et par les frères et sœurs ».
(1) « Le partenariat entre les parents et les professionnels reste à définir » - Consommation et modes de vie - Crédoc - n° 130 - Octobre 1998.