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...Jean-Marie Petitclerc, sur la sécurité dans les transports

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A la suite de nouveaux incidents, les chauffeurs de bus et les conducteurs de trains réclament une présence accrue des forces de l'ordre. Pourtant, renforcer le contrôle et la répression n'est pas une solution, affirme Jean-Marie Petitclerc, fondateur et président de l'association les Messagers (1), qui plaide pour la généralisation des médiateurs dans les transports urbains.

ASH  : Les violences actuelles dans les transports urbains sont-elles, effectivement, le reflet d'une situation qui se dégrade ? J.-M.P. : On assiste réellement à une montée de la violence à l'égard des personnels des transports urbains. Je la relie au fait que des jeunes qui se trouvent en situation d'échec total, tant sur le plan familial que scolaire, s'accrochent à leur territoire. Ils se l'approprient et considèrent que c'est à eux de donner droit d'accès aux cités. Dans ces conditions, les transports urbains sont considérés comme des intrus. C'est un phénomène qui tend à s'amplifier depuis de longs mois et qui n'est d'ailleurs pas cantonné à la seule région parisienne. Ce qui est étonnant, c'est que cela apparaisse maintenant au grand jour alors que des faits graves ont déjà eu lieu sans que cela ne débouche sur une telle médiatisation. ASH  : Vous avez créé les Messagers, en 1992, à Chanteloup-les-Vignes, après une série d'émeutes urbaines. En quoi leur action permet-elle de réduire la violence dans les transports en commun ? J.-M.P. : Il faut être conscient que l'on ne réglera pas le problème en mettant des CRS dans tous les trains et dans tous les bus. Au contraire, plus l'image du personnel des sociétés de transports sera associée à celle des policiers, plus l'escalade de la violence sera importante du côté des jeunes. Il est donc préférable de développer des stratégies de dilution de la tension. Les messagers ont ainsi essentiellement un rôle de médiateur. Ils sont là pour tenter de restaurer du lien social et de renouer le dialogue. Or, pour y parvenir, il doivent être, à la fois, en situation de connivence et de différence avec chacun des protagonistes du conflit. C'est pour cette raison que les messagers, qui travaillent toujours en équipe de deux, sont eux-mêmes issus des quartiers sensibles. Ils partagent une histoire commune avec les jeunes qu'ils rencontrent. A l'inverse, le fait d'être formés et d'avoir un statut et une tenue les rapproche du personnel. C'est ce qui fait le succès de la formule, même si la présence de ces médiateurs est parfois mal vécue par certains agents des sociétés de transports. Aujourd'hui, nous employons une centaine de personnes dans cinq départements d'Ile-de-France. Ils interviennent sur les lignes de trains et de bus les plus difficiles. Et ce n'est pas là qu'il y a eu les agressions. Nous commençons également à travailler avec des offices d'HLM. ASH  : Faut-il généraliser ce type d'initiative à l'ensemble du réseau de transports en commun ? J.-M.P. : C'est l'un des éléments de réponse au problème de la violence dans les banlieues, qui est devenu massif. Il faut évidemment l'aborder sous l'angle de la prévention, par exemple en créant de nouveaux dispositifs d'accompagnement permettant de mieux réagir aux actes posés par les plus jeunes. Mais il faut aussi répondre par la médiation grâce à des gens qui sont capables d'intervenir de façon à éviter l'escalade. Reste le problème de la reconnaissance de ces médiateurs qui n'ont pas de véritable statut. Chez nous, la plupart étaient dans le dispositif emploi-ville. Ils passent maintenant dans celui des emplois-jeunes. Propos recueillis par J.V.

Notes

(1)  Association les Messagers : 9, rue d'Andrésy - 78570 Chanteloup-les-Vignes - Tél. 01 39 74 05 32.

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