72 % des centres et services d'urgence accueillent des personnes nécessitant des soins psychiatriques. Un chiffre qui montre combien les problèmes de santé mentale et de souffrance psychique des personnes à la rue et/ou en difficulté sociale sont devenus une question majeure pour les acteurs de l'urgence sociale, a rappelé, le 2 octobre, Pierre Belmant, chargé de mission santé à la FNARS, à l'issue d'une journée de réflexion organisée sur ce thème (1). Malgré encore certains blocages et des difficultés de dialogue entre les acteurs du social et de la psychiatrie, « les choses bougent depuis trois ans », constate ce responsable, soulignant la multiplication des rapprochements locaux entre les CHRS et la psychiatrie publique de secteur, tantôt au cas par cas, tantôt de façon plus formelle par la mise en place de conventions de collaboration s'inspirant notamment de celle signée en 1996 à Guéret (Creuse). Ces accords peuvent ainsi prévoir des visites de l'infirmière de psychiatrie à la demande de l'équipe sociale, améliorer les conditions d'hospitalisation, organiser des rencontres entre les équipes... Par ailleurs, les CHRS et les secteurs psychiatriques du Rhône se sont engagés, à travers une charte partenariale, à travailler ensemble. Il faut toutefois se méfier « des effets pervers possibles » de tels accords, souligne-t-on à la FNARS, où l'on met en garde contre une éventuelle transformation du CHRS en « une sorte d'annexe d'hébergement psychiatrique en ville ». De même, prévient-on, le développement de ces relations ne doit pas remettre en cause les interventions que peuvent effectuer par ailleurs des psychiatres ou des psychologues privés dans les établissements. Enfin, « il ne s'agit pas non plus de psychiatriser tout problème social », insistent les responsables, évoquant les initiatives mises en place par certaines équipes autour de groupes de parole ou d'ateliers d'expression artistique.
(1) FNARS : 76, rue du Faubourg-Saint-Denis - 75010 Paris - Tél. 01 45 23 39 09.