Comme chaque année, l'Uniopss publie son document conjoncturel destiné à aider les associations du secteur sanitaire et social à établir leurs budgets prévisionnels (1). Au-delà de son caractère technique, ce tableau de bord est l'occasion de dresser un état des lieux très complet des chantiers auxquels sont confrontées les associations. Et sur lesquels leurs cadres ont été appelés à débattre le 23 septembre et le 2 octobre lors de rencontres organisées par les différentes Uriopss.
Si l'Uniopss note ainsi « les progrès indéniables, malgré certaines insuffisances » de la loi de lutte contre les exclusions et se réjouit de la présentation prochaine d'un projet de loi sur la couverture maladie universelle (2), elle relève toutefois « une stagnation » dans le domaine du handicap. En effet, malgré la poursuite des créations de places (16 000 en établissements pour adultes annoncées dans les cinq ans à venir), « rien n'est fait de nouveau pour l'aide à la vie à domicile », souligne-t-elle, réclamant également l'élaboration et le financement d' une politique « p lus active » en faveur de l'enfance. Par contre, la politique à l'égard des personnes âgées connaît une véritable « régression », déplore l'organisation, rappelant ses critiques vis-à- vis de la loi sur la prestation spécifique dépendance. Ainsi, après le livre noir (3), les associations devraient publier à l'automne un livre blanc faisant état de leurs propositions. De même l'Uniopss réaffirme son opposition au projet de réforme de la tarification des établissements pour personnes âgées (4), évoquant tour à tour l'absence de crédits supplémentaires d'assurance maladie, la mauvaise prise en charge du surcoût dépendance, l'absence de programme de modernisation des établissements...
Autre sujet d'inquiétude évoqué à nouveau, les risques de banalisation du secteur associatif, notamment par la mise en concurrence avec les entreprises du secteur marchand. Et dont « l es effets déstabilisateurs » dans le champ des services de proximité commencent « à se faire sentir ». Enfin, parmi les autres enjeux, l'Uniopss rappelle le projet de réforme de la loi de 1975 sur les institutions sociales et médico-sociales « qui doit encore évoluer dans son principe » pour affirmer le rôle et les spécificités de l'action sociale. Mais également la mise en œuvre de la loi sur les 35 heures (5) : sur ce sujet, un groupe de travail, constitué auprès de la délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle, devrait étudier quelques sites pilotes, indique l'organisation. Laquelle s'interroge également sur le passage à l'euro. Si les avantages financiers de celui-ci sont clairs, quel sera son impact social et ses effets sur la vie quotidienne ? Des médiations et des aides sont-elles prévues pour permettre aux personnes âgées, handicapées ou sous tutelle de passer ce cap ?
(1) Document conjoncturel Uniopss-Uriopss - Budgets prévisionnels 1999 - Uniopss : 133, rue Saint-Maur - 75541 Paris cedex 11 - Tél. 01 53 36 35 00.
(2) Voir ASH n° 2085 du 18-09-98.
(3) Voir ASH n° 2075 du 12-06-98.
(4) Voir ASH n° 2079 du 10-07-98.
(5) Voir ASH n° 2084 du 11-09-98.