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...Annick de Backer, sur la souffrance au travail

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Le 23 septembre, lors du colloque « santé au travail », les médecins ont a nouveau évoqué les conséquences néfastes de la précarité sur la santé des salariés. Qu'observent, de leur côté, les assistantes sociales du travail ? Au sein du Service social du travail de la région du Nord  (SSTRN), Annick de Backer, conseillère technique (1), a animé un groupe de réflexion sur « le stress au travail ».

ASH  : De votre place d'assistante sociale d'entreprise, faites-vous le même constat que les médecins du travail sur les souffrances et pathologies liées aux nouvelles formes de travail ? A. de B. : Oui. Nous avons été de plus en plus confrontées au stress des salariés en situation de fragilité. D'abord, la précarité professionnelle provoque toujours, chez les salariés peu qualifiés ou en CDD, une peur de ne pas être à la hauteur. En outre, certaines formes d'aménagement du temps de travail sont difficiles à supporter tant physiquement que financièrement. Ces personnes nous parlent beaucoup de fatigue et de mal de dos. Mais la précarité fait aussi pression sur les salariés plus « installés » qui sont tenus à la performance à tout prix. Et, depuis dix ans, le tableau clinique s'alourdit : troubles du sommeil plus fréquents, usure professionnelle précoce, développement d'une forme de toxicomanie que l'on peut assimiler à une sorte de dopage (somnifères, excitants). D'ailleurs, les cadres, que nous n'avions pas l'habitude de voir, arrivent aujourd'hui en très grande souffrance dans nos permanences. Ils s'y écroulent et nous devons faire face à de graves dépressions, à des malaises cardiaques. Enfin nous avons pu observer que les travailleurs âgés souffraient de la relégation où on les place de plus en plus lorsqu'ils sont moins dynamiques. « On est largué comme des malpropres », nous disent-ils. ASH  : Quelle réponse le service social est-il en mesure d'apporter à ces personnes ? A. de B. : Notre approche psychosociale traditionnelle reste essentielle : accueillir, écouter les gens et les aider à cerner ce qui est de l'ordre du tenable et de l'insupportable. Il est important aussi que nos permanences restent ces lieux où les gens puissent s'effondrer. Car,  nulle part ailleurs, il n'est acceptable de le faire. Mais quand la personne a visiblement besoin de soins ou d'un accompagnement serré, que faire ? L'envoyer chez le psy à l'extérieur n'est pas toujours une bonne solution. Nous devons aller vers la mise en place de  plateaux techniques regroupant médecins du travail, infirmières, thérapeutes et service social. A Lille, notre intervention s'oriente aussi de plus en plus vers du « conseil en stratégie de vie ». Il s'agit notamment de casser la relation fusionnelle que les entreprises exigent de plus en plus de leurs salariés. ASH  : Et la prévention ? A. de B. : Pour pouvoir agir en amont, il est important que nous développions la veille sociale. Pour ça, nous devons être capables de poser des diagnostics efficaces sur les problèmes et donc d'utiliser des techniques d'enquête. Nos formations de base doivent aussi nous fournir des éléments plus solides de prise en charge psychologique ainsi que des connaissances sur les mécanismes psychologiques de ces souffrances. A cet égard, un partenariat davantage institué avec les médecins du travail serait essentiel pour nous aider à mieux identifier les pathologies, à évaluer l'intensité des phénomènes et permettrait d'éviter le  « ping-pong » avec les personnes. Propos recueillis par Valérie Larmignat

Notes

(1)  Service social du travail de la région du Nord (service social interentreprises)  : 6, rue Jean-Roisin - 59800 Lille - Tél. 03 20 15 80 10.

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