350 emplois-jeunes, dont tous ne sont pas encore pourvus : la récolte est maigre. Pourtant, à la FNARS on ne se montre pas inquiet, estimant que la dynamique est lancée. « En réalité, nous ne nous étions pas fixé de calendrier pour la montée en charge », explique-t-on à la fédération, ajoutant que ces chiffres « ne représentent certainement pas la totalité des créations ». Pour ses responsables, qui rendaient public un bilan d'étape, le 8 septembre, cette relative lenteur constitue même un gage de qualité. « Les associations prennent le temps de mûrir leurs projets d'activités » et elles semblent traiter « avec beaucoup de soins et sans précipitation » les aspects d'accueil, de tutorat et de qualification, expliquent-ils.
Pourtant, il est clair que les résultats ne sont pas à la hauteur des ambitions affichées il y a un an par la FNARS. Celle-ci reconnaît en effet qu'un certain nombre de problèmes agissent comme autant de « freins » au développement du programme. Premier d'entre eux : la confusion qui règne sur le caractère nécessairement « nouveau » des activités créées, précisé par la loi, et que ne reprennent pas les circulaires. Ces dernières évoquant les notions de besoins émergents ou non satisfaits. Un flou, déplore la FNARS, qui entraîne « des incompréhensions de taille lors du montage du projet ». En outre, le financement de ces emplois « reste un des freins les plus cités parmi [les] adhérents » dans un secteur où les salaires minimaux prévus par les conventions collectives imposent de trouver non pas 20 %, mais « 30 à 50 % de financements complémentaires ». Autre point d'achoppement : la pérennisation d'activités que les associations ne parviendront pas à solvabiliser durablement sans le soutien de l'Etat ou des collectivités locales. Ces « incertitudes financières » pèsent d'ailleurs, d'ores et déjà, sur la formation des jeunes, dans la mesure où peu de régions ont précisé les modalités de leur aide en la matière. Par ailleurs, la FNARS dénonce les nombreux dysfonctionnements qui « pénalisent » l'action des associations : manque d'information locale auprès des porteurs de projets, absence ou manque de compétence des experts dans l'aide au montage, lenteurs administratives et interprétations « rigides et parfois hasardeuses » du texte de loi par les différents représentants locaux de l'Etat. D'où, regrette la FNARS, « les disparités excessives » entre les départements, autant sur « les moyens mobilisés » que sur « le traitement des projets ».
A l'issue de ce bilan qui ne se veut pas « exhaustif », Jean-Paul Péneau, directeur général de la FNARS, estime que « le gouvernement doit continuer à promouvoir le dispositif » mais aussi qu'il doit régler des questions importantes comme celle de l'impossibilité, de fait, pour les entreprises d'insertion et les associations intermédiaires de recourir au dispositif. Or, ces dernières « répondent souvent à des besoins émergents ou non satisfaits » à travers des activités d'animation, de coordination et d'accès à l'emploi, souligne la fédération. Laquelle considère que la « situation ne peut [donc] perdurer ». Autre problème : le faible nombre de jeunes peu qualifiés bénéficiant de ces emplois. En effet, au sein même du réseau de la FNARS, seuls 18 % des postes sont ouverts aux jeunes ayant un niveau BEP, CAP ou inférieur. Une tendance que l'organisation souhaite infléchir afin que tous les jeunes en difficulté puissent accéder au programme. A cet égard elle juge « restrictive et discriminatoire » la disposition de la loi contre les exclusions qui réserve 20 % de ces nouveaux emplois aux seuls jeunes des quartiers défavorisés.
(1) FNARS : 76, rue du Faubourg-Saint-Denis - 75010 Paris - Tél. 01 45 23 39 09.
(2) Voir ASH n° 2039 du 3-10-97.