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La vieillesse maltraitée

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Depuis 1995, les permanences téléphoniques d'Alma (Allô-maltraitance des personnes âgées) permettent de rompre le silence autour des violences commises à l'encontre des plus âgés. A l'origine de l'initiative, et auteur déjà de nombreuses études sur le sujet, le professeur Robert Hugonot revient à nouveau, enquêtes françaises et étrangères et témoignages à l'appui, sur un phénomène qui, s'il commence quelque peu à mobiliser les médias et à interroger les professionnels, n'en demeure pas moins profondément méconnu. Ne serait-ce parce qu'il s'agit encore à bien des égards d'une « violence invisible parce que tue, secrète, dont les victimes ne témoignent pas, que les auteurs eux-mêmes parfois ne considèrent pas comme une violence, tant elle est devenue coutumière ». D'où d'ailleurs l'extrême faiblesse des chiffres pour rendre compte de violences à la fois occultées et secrètes mais également insuffisamment définies. Quoi qu'il en soit, la découverte de leur importance dans la société moderne dérange, affirme Robert Hugonot, qui entreprend ici de révéler la diversité et la complexité des formes de maltraitances : des violences physiques, psychologiques, financières aux négligences actives ou passives... En outre, si l'on a souvent à l'esprit l'image du parent âgé persécuté par ses proches et les sévices au sein des familles sur lesquels l'auteur revient en détail, «  il faut aussi les étudier dans les institutions qui accueillent 20 % des octogénaires et souvent les plus dépendants ». « Lieu de bonnes intentions », celles-ci deviennent parfois un enfer, déplore ainsi le professeur, qui, à l'aide de cas très précis, évoque notamment le tutoiement quelquefois insultant des intervenants, les ligotages non justifiés des personnes, les vols... mais aussi la vétusté des locaux, le manque de personnels, les animations infantilisantes, l'entrée forcée en maison de retraite. Autant de maltraitances que la routine a parfois rendu banales et « presque naturelles » mais qui seraient paradoxalement devenues aujourd'hui plus faciles à observer que celles exercées en famille. En effet, « certains personnels n'hésitent plus à dénoncer les comportements qui les révulsent. Des stagiaires, jeunes d'âge et de métier, y sont plus sensibles que d'autres ». Alors que faire ?Informer, former les intervenants et évaluer leur travail, mieux communiquer avec les résidents, mais également «  adapter » les institutions en préparant davantage les modalités d'entrée, en respectant les rythmes, l'intimité des personnes âgées... Car il n'est guère aisé d'obtenir la fermeture d'une institution maltraitante, souligne Robert Hugonot, évoquant les difficultés d'une telle procédure. De même qu'il est difficile -voire impossible - pour une personne âgée de dénoncer ses enfants. C'est dire la nécessité d'écouter les personnes âgées et de protéger efficacement leurs droits et libertés, conclut ce médecin, s'insurgeant contre l'exclusion par l'âge - l'âgisme - omniprésent dans nos sociétés industrialisées.

La vieillesse maltraitée  - Robert Hugonot - Ed. Dunod - 150 F.

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