Infirmant l'idée reçue selon laquelle les certificats d'aptitude professionnelle (CAP), brevets d'études professionnelles (BEP) et diplômes équivalents sont condamnés par leur inadaptation au marché du travail, une récente enquête du Centre d'études et de recherches sur les qualifications (CEREQ) (1) souligne « la pérennité discrète » des diplômes de niveau V. Loin, en effet, d'être en déclin, le nombre de leurs titulaires au sein de la population active a augmenté de 11 % entre 1975 et 1990 et s'est stabilisé aujourd'hui autour de 30 %. Ce qui en fait « le groupe le plus important parmi les actifs ». De même, alors que ce niveau souffre d'une mauvaise réputation liée au fait qu'il connaîtrait un taux de chômage important, rien n'est moins sûr, notent les chercheurs. Car si, entre 1983 et 1987, ses diplômés ont été plus sensibles au chômage que ceux des niveaux supérieurs, aujourd'hui CAP et BEP « conservent leur position relative » et, depuis 1994, leur taux de chômage est comparable à celui des niveaux IV. Bien plus, ces diplômes resteraient même « une protection efficace contre le chômage » : quatre ans après leur sortie du système éducatif, alors que 37 % de ceux qui n'ont pas terminé leur cycle de collège ou d'enseignement professionnel sont au chômage, « seuls » 18 % des titulaires de CAP ou BEP sont touchés. D'ailleurs, d'une façon plus générale, les chiffres viennent confirmer « la compétitivité » des titulaires de ces diplômes puisque le taux de chômage s'établit à 10,7 % pour les niveaux V contre 12,6 % pour les titulaires du brevet d'études du premier cycle et 11 % pour les niveaux IV (baccalauréat ou équivalent). Même s'il reste bien évidemment supérieur à celui des niveaux III (7,5 %) et I et II (6,8 %). En outre, constate l'enquête, « plus de la moitié des emplois occupés par les débutants sont en lien étroit avec leur formation initiale » quand cette dernière est fortement technique ou non concurrencée par un autre diplôme :bâtiment, bois, électricité, santé, photo et coiffure notamment. Le CAP en apprentissage renforçant les chances d'adéquation entre formation et emploi. Le niveau V conserve donc « une pertinence réelle comme première qualification pour accéder à certains segments d'emploi », conclut l'étude.
(1) « Les diplômes de niveau V - Au-delà d'un déclin annoncé, des diplômes qui restent pertinents » - Bref n° 144 - Juillet 1998 - CEREQ : 10, place de la Joliette -13474 Marseille cedex 02 - Tél. 04 91 13 28 28.