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Comment sauver le système éducatif en milieu rural ?

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S'agissant de l'école en milieu rural, est-il possible de concilier la qualité du service public et l'égalité d'accès à l'éducation, compte tenu des contraintes budgétaires de l'Etat et des nécessités de l'aménagement du territoire ? Cette question est au cœur du rapport Pour une nouvelle dynamique du système éducatif en zone rurale isolée   (1), remis fin juillet à Ségolène Royal par Jean-Claude Lebossé, inspecteur général de l'éducation nationale. C'est en août 1997 que la ministre déléguée chargée de l'enseignement scolaire avait décidé le maintien de plusieurs dizaines de classes isolées, menacées de fermeture, et souhaité que l'école rurale fasse l'objet d'un traitement prioritaire, au même titre que les zones d'éducation prioritaire  (ZEP). D'où la mission confiée, quelques semaines plus tard, à Jean-Claude Lebossé, chargé de faire des propositions susceptibles de déboucher sur des expérimentations dès la rentrée 1998.

La situation des écoles en zones rurales isolées est, il est vrai, inquiétante : faible taux de scolarisation des enfants de moins de 5 ans, quasi-absence des activités périscolaires, isolement et rotation rapide des enseignants, encadrement administratif et pédagogique « souvent très déficitaire » dans les collèges... Conséquence : si le niveau est identique, voire légèrement supérieur à la moyenne nationale dans les enseignements fondamentaux, à terme, « une offre éducative plus limitée pour les élèves a des conséquences sur leurs parcours scolaires » . Ainsi, les élèves issus des collèges ruraux « se dirigent plus fréquemment sur des études courtes et professionnelles ».

Or, jusqu'à présent, face à cette situation, les pouvoirs publics ont sans cesse hésité entre le maintien à tout prix d'écoles de proximité et le regroupement des établissements d'un même secteur pour des raisons de coût et d'efficacité. Des regroupements qui rencontrent d'ailleurs, le plus souvent, l'opposition des élus locaux et des parents d'élèves. C'est la raison pour laquelle le rapporteur insiste particulièrement sur la nécessité de développer, au niveau communal ou intercommunal, une « politique contractuelle scolaire » associant les services de l'Education nationale, les élus locaux, les associations de parents d'élèves et les enseignants. Le but étant d'aboutir, sur la base du volontariat, à la signature d'une convention, pour deux ou trois ans, en fonction d'un projet pédagogique précis. Par ailleurs, l'inspecteur insiste sur la nécessité de développer l'enseignement préélémentaire, notamment avec l'affectation d'un enseignant chargé d'assurer, à mi-temps, « une véritable pédagogie de maternelle » auprès des sections enfantines des écoles rurales. De même, pour l'école élémentaire, il pointe les limites du système des regroupements pédagogiques intercommunaux et plaide pour la mise en place de réseaux d'écoles rurales, notamment grâce au recours aux nouvelles technologies qui permettraient, selon lui, de rompre l'isolement des établissements. Quant aux activités péri et extra-scolaires, elles pourraient faire l'objet d'un contrat éducatif local afin d'optimiser l'utilisation des moyens existants. Autant de solutions qui, à l'instar de ce qui se passe en ZEP, supposent une « discrimination positive » en faveur des écoles situées en zones rurales isolées, souligne Jean-Claude Lebossé. Quant aux collèges ruraux, le rapporteur suggère de «  développer l'accueil en internat » et d'offrir des spécialisations (en lien avec les ministères de la Jeunesse et des Sports et de la Culture) afin d'élargir leur secteur de recrutement. De même, sous certaines conditions, ils pourraient accueillir d'autres publics scolaires (classes vertes...) ou non scolaires.

Certaines de ces propositions ont d'ailleurs été reprises par Ségolène Royal qui a annoncé, le 20 août, notamment la création de « réseaux d'écoles » avec échanges de pédagogie et équipes itinérantes, et la mise en place de contrats éducatifs locaux (2).

Notes

(1)  Les zones rurales isolées se trouvent surtout dans les régions réparties autour d'un axe sud-ouest/nord-est, auxquelles s'ajoutent quelques cantons du centre de la Bretagne, de la Corse et de la haute montagne. L'ensemble correspond à un peu plus du tiers du territoire, 30 % des communes et 9 % de la population. Majoritairement, il s'agit de zones dont la population est en voie de vieillissement et qui connaissent un solde migratoire négatif, en dépit, parfois, de l'arrivée de populations nouvelles très localisées. Rapport non disponible.

(2)  Voir également ce numéro.

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