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...Philippe Chavaroche, sur la valorisation des AMP

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« Aide médico-psychologique : de la souillure à la professionnalisation. » C'est le titre sans détour que Philippe Chavaroche (1), formateur, a donné à sa recherche réalisée pour le diplôme supérieur en travail social (DSTS) et pour laquelle il vient d'obtenir le prix GERSE (2). Explications.

ASH  : Pourquoi avoir choisi le sujet de « la souillure » pour étudier la profession d'aide médico-psychologique (AMP)  ? Ph. C. : Il faut bien voir que « la souillure » est une réalité puisque les aides médico- psychologiques travaillent la plupart du temps auprès de personnes lourdement handi capées et doivent faire leur toilette. C'est quelque chose d'un peu trivial, souvent occulté, et dont les AMP parlent entre eux, mais peu au-dehors. Or, c'est non seulement une activité centrale du quotidien mais également un acte important sur le plan symbolique. Dans toutes les cultures, le fait de laver, de purifier, est une fonction essentielle. Ici, laver ces personnes handicapées est une manière de les réintégrer dans la société. ASH  : Mais ces tâches n'entretiennent-elles pas l'image d'une profession subalterne ? Ph. C. : C'est vrai que les personnes les plus handicapées ont souvent été, et sont parfois encore, considérées comme n'ayant besoin pour s'occuper d'elles que de professionnels peu qualifiés effectuant des tâches matérielles, pratiques, comme la toilette. En outre, elles ne sus- citent pas de motivation particulière chez les travailleurs sociaux : de fait, peu d'éducateurs spécialisés exercent en maison d'accueil spécialisée. Car le milieu du travail social n'est pas étranger à certaines représentations sociales notamment celles que véhiculent le handicap grave et la dépendance et qui inquiètent les professionnels au même titre que le reste de la société. Ces représentations instaurent aussi une hiérarchie des valeurs qui assigne la profession d'AMP à une place subalterne. Et cela d'autant que la « souillure » demeure quelque chose de caché, de bas. Enfin, si aujourd'hui on est loin des soins uniquement « défectolo-giques »  que l'on réservait il y a encore 30 ans aux personnes handicapées, aux « grabataires », aux « gâteux », la valorisation de leur prise en charge reste très problématique et très fragile. ASH  : Quelles sont alors les perspectives de valorisation des AMP ? Ph. C. : Je pense qu'elle passe d'abord par une reconnaissance du quotidien qui, au travers des repas, des toilettes, recèle une multitude de médiations : à la fois thérapeutiques, c'est-à-dire destinées à aider les personnes handicapées à moins souffrir, mais aussi éducatives au sens où elles aident à l'autonomie et à l'intégration. C'est un terrain d'une richesse extrême que les AMP savent exploiter. Le considérer en tant qu'outil de travail permet également d'accorder une plus-value à la fonction des AMP. Et puis il faut aussi repérer chez eux ce que j'appelle leur « technicité ». Car ce n'est pas si simple que cela de laver une personne handicapée, de contenir un état d'anxiété ou d'auto-agressivité. Cela demande de réelles compétences professionnelles qui vont au-delà du bon sens et des qualités de cœur dont on a souvent paré les AMP, ainsi que des connaissances assez pointues en matière de psychopathologie et de techniques de soins. Il me semble donc que leur formation doit partir de ce qu'ils vivent de riche et de difficile dans le quotidien. Or, si les AMP peuvent se référer à des théories médicales et psychologiques, ce quotidien, lui, ne fait l'objet d'aucune théorisation. Il est pourtant impératif de mettre du sens sur ce qu'on fait, sinon ça devient très vite insupportable et usant. Mais ça ne veut pas dire du tout qu'il s'agisse d'une formation au rabais, bien au contraire. Propos recueillis par V.L.

Notes

(1)  Contact : CEFPROSSE - Fondation John-Bost - Place du marché couvert - BP 414 - 24104 Bergerac - Tél. 05 53 22 23 00.

(2)  Voir ASH n° 2072 du 22-05-98 - Mémoire disponible au Groupe d'études et de recherches du Sud-Est sur la déficience mentale (GERSE)  : Ateliers Denis Cordonnier - 16, chemin de Cuers - 69570 Dardilly - Tél. 04 78 66 43 80.

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