« Même si cela peut paraître choquant, il faut se poser la question : qu'y a-t-il de différent entre un alcoolique et un héroïnomane ? », s'est interrogé Bernard Kouchner, le 16 juin, au Sénat. Celui-ci venait de recevoir le rapport Problèmes posés par la dangerosité des drogues, coordonné par le professeur Bernard-Pierre Roques (Inserm-CNRS). Lequel, en proposant une nouvelle classification de ces substances selon leur dangerosité (1), relance le débat sur la dépénalisation de la consommation de drogues illicites. Pas question pour autant de modifier la loi de 1970, pour « faire l'apologie des drogues quelles qu'elles soient, pour faciliter l'usage de drogues », a réaffirmé le secrétaire d'Etat à la santé. « A mes yeux, la loi de 1970 n'est ni un tabou, ni un préalable », a-t-il martelé à nouveau (2), réfutant « toute approche idéologique ». « La loi de 1970 n'est pas un préalable, car il est possible dans le cadre d'instructions générales de l'appliquer en conciliant les intérêts de l'ordre public et de la santé publique », a-t-il précisé. Soulignant que ses services travaillaient avec la chancellerie et les autres départements ministériels à des réponses en cas d'usage simple « qui ne soient ni les poursuites devant le tribunal correctionnel, ni l'injonction thérapeutique ». Par exemple : le classement avec avertissement ou orientation.
(1) L'alcool figurant pami les drogues plus dangereuses tandis que le document relativise les risques liés à la consommation de cannabis, jugée moins grave que celle du tabac.
(2) Voir ASH n° 2050 du 19-12-97.