Clôturant, le 5 juin, les assises nationales des zones d'éducation prioritaire (ZEP) à Rouen (1), le Premier ministre a promis « un second souffle » pour le dispositif, lancé il y a 15 ans. Rappelant que l'Education nationale faisait partie des budgets qui bénéficieront d'une priorité dans le cadre du projet de loi de finances 1999, il a annoncé la création d'un contingent supplémentaire d'indemnités ZEP et la mise à disposition, dès septembre, d'un nombre important d'emplois-jeunes. Deuxième priorité : la carte des ZEP - établie en 1983 et modifiée en 1989 - devrait être révisée pour la rentrée 1999 afin de remédier à certaines « incohérences », comme le fait, a expliqué Lionel Jospin, que 39 % des collégiens de la Nièvre soient en ZEP contre seulement 19 % pour la Seine-Saint-Denis. L'objectif étant également de créer des zones à « taille humaine » et de « rétablir une certaine diversité de la population scolaire afin d'éviter un effet de ghetto », une question difficile en raison des « craintes et tentations des parents ». Et sur ce point, Lionel Jospin a appelé à « agir de manière volontariste sur la sectorisation scolaire » pour réintroduire progressivement « plus de mixité sociale dans les ZEP ». Estimant nécessaire l'autonomie de gestion de chaque établissement dans le cadre néanmoins des horaires et programmes officiels, le Premier ministre a également souhaité que ces zones s'inscrivent dans « une politique de la ville ambitieuse ».
Précisant la veille ces orientations, Ségolène Royal a insisté sur la nécessité de substituer à la logique actuelle une logique de « réseaux d'éducation prioritaire », permettant de développer des interrelations entre des établissements (écoles, collèges, lycées) situés à proximité les uns des autres, qu'ils soient ou non classés en ZEP. En outre, la ministre déléguée chargée de l'enseignement scolaire a présenté dix mesures pour « améliorer ensemble la réussite scolaire des ZEP » dans le droit fil des orientations déjà annoncées (2). Outre le recentrage des programmes sur les savoirs fondamentaux et surtout la lecture et l'écriture, il s'agit en particulier de favoriser la scolarisation précoce, le resserrement des liens avec les parents, notamment par le recours à des médiateurs, l'amélioration du suivi pédagogique des élèves les plus fragiles et l'ouverture de l'école sur le quartier. Ce plan passe également par des dispositions en faveur des enseignants, a souligné la ministre. Laquelle cependant n'a donné aucune indication chiffrée sur le coût des mesures annoncées, provoquant ainsi la déception de certains syndicats enseignants.
(1) Voir ASH n° 2074 du 5-06-98.
(2) Voir ASH n° 2039 du 3-10-97.