Nul doute que ces équipements de proximité, gérés à 70 % par des associations (et à 16 % et 13 % respectivement par des CAF et des municipalités) et traditionnellement identifiés comme des lieux d'animation sociale, éducative ou culturelle, sont particulièrement immergés dans la vie quotidienne des habitants des cités d'habitat social urbain (87 % sont implantés en ville) et en milieu rural. Et de fait, comme le montre d'ailleurs leur forte croissance (près de 500 agréés par la CNAF depuis 1986), ils catalysent « les tensions engendrées par les situations de précarité ». C'est ainsi que, parmi les changements intervenus dans le quartier, la ville ou le canton, 38 % des acteurs interrogés par le Crédoc, soulignent le développement du chômage et ses conséquences sur les populations : « mal de vivre », isolement, mauvaises conditions de vie... Mais ils relèvent également l'insécurité dans les banlieues, la montée de l'intolérance et le racisme. Autre évolution notée par 21 % des personnes : « les liens plus étroits » avec les élus locaux en raison d'ailleurs du rôle accru des communes dans les politiques de lutte contre l'exclusion. Face à ces transformations, 24 % des acteurs tiennent alors à rappeler le rôle « polyvalent » du centre social, allant de la halte-garderie jusqu'au suivi d'allocataires du RMI. 36 % insistent sur le fait qu'il est d'abord un lieu d'accueil et d'écoute de toute personne habitant le quartier. Pour 21 %, c'est un instrument de « maintien du lien social ». D'autant plus, ajoutent certains, que devenu fréquemment l'unique équipement du quartier, il reste « bien souvent le seul interlocuteur des habitants ». Quelques-uns estiment alors que les changements économiques et sociaux conduisent les centres à diversifier leurs réponses et augmenter leur nombre. Et surtout, comme le relèvent 19 % des acteurs, ils les amènent à élargir leur champ d'activité traditionnel vers « un travail d'action sociale et d'insertion ». Enfin, lorsqu'on les interroge sur le rôle que devrait avoir le centre social, 37 % des personnes répondent qu'il doit être « un lieu de synergie », favorisant une dynamique locale.
Néanmoins, là où le bât blesse, c'est à propos des contraintes financières. « Le problème majeur est le manque de moyens, financiers, en effectifs, en matériel », affirme un groupe d'administrateurs. « Nous avons peu d'emplois non précaires », ajoute un directeur (2) soulignant que les difficultés tiennent sans doute au financement de ces structures. D'autres (21 %) évoquent également le poids des procédures et la lourdeur des tâches administratives ou encore la méconnaissance des « réalités de terrain » par les élus ou les responsables d'institutions. Quant à l'avenir, « sans être sombre », il suscite néanmoins « bien des inquiétudes », estime le Crédoc. En effet, 22 % des personnes, relevant la dépendance accrue à l'égard des élus locaux, craignent en effet leur « instrumentalisation ». Et 21 %réclament une « clarification des relations entre la commune et l'association gestionnaire ». Les centres sociaux ne seraient-ils pas alors aujourd'hui, comme d'autres professionnels du travail social et de l'insertion, conduits à « la gestion sociale du non-travail », s'interroge le Crédoc ?
(1) Ce dernier a réalisé une enquête par questionnaire auprès de 254 centres adhérents à la fédération et de 1 300 personnes (directeurs, administrateurs, salariés, bénévoles actifs) afin de cerner les attentes des principaux acteurs des centres - Crédoc : 142, rue du Chevaleret - 75013 Paris - Tél. 01 40 77 85 01.
(2) Les centres sociaux employaient, en 1995, 20 000 professionnels permanents auxquels il faut ajouter 16 000 salariés occasionnels. Et représentaient 30 000 bénévoles (administrateurs ou animateurs d'activité).