Les sociologues Nicole Le Guennec et Sophie Body-Gendrot ont remis, le 26 mai, à Jean-Pierre Chevènement, leur rapport sur les violences urbaines. Un document dont les ASH avaient révélé la teneur et l'essentiel des propositions (1). Le constat est connu : si les chiffres de la délinquance ont globalement baissé, les violences urbaines, notamment commises par des mineurs, ont augmenté de façon inquiétante ces dernières années. En 1986, 48 000 mineurs étaient mis en cause dans des délits ou des crimes. En 1996, ils étaient 98 000, sachant que cet accroissement est probablement dû en partie à des poursuites plus systématiques. Face à cette « généralisation des faits de violence quotidienne », les rapporteurs jugent nécessaire de ne pas envenimer la situation. Ainsi, elles proposent que l'on fasse cesser « la défiance généralisée » entre les policiers et les jeunes et que l'on évite la « criminalisation exagérée » de ces derniers. Elles plaident, en outre, pour « la stabilisation de la vie associative » et la création, dans les quartiers sensibles, de « relais » susceptibles d'intervenir en cas de crise. De même, elles estiment que la police doit coopérer plus régulièrement avec les établissements scolaires ainsi qu'avec « tous les acteurs de la vie économique et sociale ». Enfin, elles suggèrent de mettre en place des « interventions d'un nouveau type » afin d'encadrer les jeunes auteurs de violences. Par exemple, selon elles, un service militaire ou civil d'un an « bien encadré » pourrait constituer une alternative à la prison.
(1) Voir ASH n° 2070 du 8-05-98.