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...l'ODAS, 15 ans après la décentralisation

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La décentralisation de l'action sociale a 15 ans. Le 12 mai, l'Observatoire national de l'action sociale décentralisée (ODAS)   (1) a présenté un bilan quantitatif et qualitatif des évolutions à l'œuvre dans ce domaine. Entretien avec son directeur, Jean-Louis Sanchez.

ASH  : Quelles sont les grandes lignes du bilan réalisé par l'ODAS ? J.-L.S. : D'un strict point de vue budgétaire, entre 1984 et 1997, la dépense annuelle nette d'action sociale départementale est passée de 38 à 78,5 milliards de francs. Plus précisément, de 1984 à 1989, la progression de la dépense a été inférieure à celle du coût de la vie. Puis, jusqu'en1995, on a assisté à une envolée budgétaire due, essentiellement, à la montée en charge du RMI, à l'application des accords Durafour et à la modernisation des équipements. Enfin, depuis 1996, pour des raisons conjoncturelles, l'évolution des budgets sociaux des départements marque le pas. Et cette situation devrait se maintenir en 1998. ASH  : Quels enseignements peut-on tirer de ces 15 années en matière d'action sociale ? J.-L.S. : On observe, d'abord, qu'il existe un étroit parallélisme entre l'évolution de l'action sociale départementale et celle des grands problèmes sociaux. En effet, si la préoccupation gestionnaire des départements est importante, la nécessité d'appliquer les textes et la pression des besoins font qu'il y a un réel souci d'adaptation. C'était flagrant lors de la période 1988-1996, l'explosion des dépenses répondant alors à l'apparition de besoins nouveaux concernant la précarité, avec le RMI, et la dépendance. Cela dit, depuis 1996, les départements essaient à nouveau de maintenir leur équilibre budgétaire. Ce qui se traduit, pour les adultes handicapés, par la diversification positive des réponses et le développement du maintien à domicile et, pour les personnes âgées, par l'application de la loi sur la prestation spécifique dépendance dont on connaît certains effets négatifs. Quant à la protection de l'enfance, qui reste le principal poste de dépenses d'action sociale, le souci des départements a été, et reste, de préserver les grandes orientations héritées de l'Etat, contrairement d'ailleurs à certaines craintes exprimées lors de la décentralisation. Dans ce domaine, on a même peut-être péché par manque d'initiative. Mais il faut bien voir que 15 ans de décentralisation, c'est fort peu. C'est seulement maintenant que l'on assiste à l'entrée de la réflexion politique stratégique dans l'action sociale, face à la massification et à la complexification des problèmes. ASH  : A l'avenir, comment pourraient évoluer les budgets sociaux des départements ? J.-L.S. : Ils vont probablement repartir à la hausse, d'une part à cause de l'accroissement de l'âge moyen des professionnels et de la mise en œuvre des 35 heures et, d'autre part en raison du poids grandissant de la dépendance des personnes âgées. En outre, il faut être conscient que la précarité continue de gagner du terrain. Les derniers chiffres sur le surendettement et la reprise de la progression du nombre des allocataires du RMI le montrent. En outre, qui dit emploi précaire dit fragilisation de la famille. Je crains ainsi que l'on assiste, ces prochaines années, à une hausse du nombre des placements. ASH  : Dans ces conditions, quelle peut être la stratégie des départements ? J.-L.S. : Je crois qu'ils doivent montrer que l'action sociale n'est pas uniquement réparatrice mais qu'elle peut permettre de renforcer la cohésion globale du territoire. En clair, il ne s'agit plus seulement de soutenir les gens en extrême fragilité mais, surtout, de consolider le lien social en intervenant auprès de l'ensemble de la population. C'est dans cette capacité de passer de la réparation à la prévention que se joue l'avenir de la départementalisation. Concrètement, cela implique de repositionner massivement le travail social sur le développement de la vie sociale et d'aller vers une réaffectation des crédits, par exemple en aidant davantage les familles qui en ont besoin, afin d'éviter les placements. Propos recueillis par J.V.

Notes

(1)  ODAS : 37, boulevard Saint-Michel - 75005 Paris - Tél. 01 44 07 02 52.

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