Les années 1994-1996 « constituent dans l'histoire de l'épidémie un moment crucial sur les plans tant épidémiologique que médical et social », constate le président du Conseil national du sida (CNS), Alain Sobel, en ouverture du deuxième rapport d'activité de l'organisation (1) qui fait suite à celui couvrant la période 1989-1994 paru il y a deux ans (2). Pendant cette période charnière marquée par l'arrivée des antiprotéases, le CNS a rendu 12 avis et rapports, tous rassemblés dans ce document. Ils témoignent d'une réflexion « centrée ces deux dernières années essentiellement sur les phénomènes d'exclusion » liés au sida. Ce rapport présente aussi, à travers différentes contributions, un état des lieux des connaissances et de la lutte contre l'épidémie en décembre 1996. La maladie a changé de visage : après les pics qu'elle a connus, elle atteint aujourd'hui en Occident « un plateau ». Le nombre de personnes touchées par la maladie s'est en effet stabilisé alors qu'il continue à augmenter dans les pays en voie de développement. Au plan scientifique, les progrès ont connu « une formidable accélération », transformant peu à peu « une maladie incurable » en « pathologie chronique ». Mais si le CNS se félicite de ces avancées thérapeutiques, il note que le sida « demeure une maladie de la fragmentation sociale » et déplore « le peu de réponses apportées » aux problèmes des étrangers en situation irrégulière et des toxicomanes.
(1) Ethique, sida et société - Rapport d'activité du Conseil national du sida - 1994-1996 - Tome II - Sous la direction d'Alain Sobel - Ministère de l'Emploi et de la Solidarité - La Documentation française - 150 F.
(2) Voir ASH n° 1967 du 22-03-1996.