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Le suicide symptôme du mal-être social

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« Le suicide demeure un révélateur du mal-être social, [...] lié à la montée du chômage et de la précarité ainsi qu'au relâchement des liens familiaux.  » C'est ce que constate une étude parue dans le bulletin mensuel de l'Institut national de la démographie (INED)   (1). Malgré la récente baisse du nombre de suicides (11 300 en 1996 contre 12 300 en 1993), le phénomène reste préoccupant (2). La France fait en effet partie, avec 19 suicides pour 100 000 habitants, des pays occidentaux les plus touchés. Plus inquiétant encore, le fait que le passage à l'acte concerne beaucoup de jeunes et d'adultes d'âge actif : le suicide représente 20 % des décès des 25-29 ans et 13 % des 15-49 ans. Mais, si depuis plus d'un siècle, l'évolution du suicide pouvait être mise en parallèle avec celle de la consommation d'alcool, elle semble aujourd'hui davantage liée à la montée de l'exclusion sociale. Le chômage notamment, en marginalisant des groupes sociaux et des groupes d'âges, s'accompagnerait, selon l'auteur, de l'augmentation des passages à l'acte. L'étude note ainsi, depuis 1975, des profils comparables entre les courbes de suicide et de chômage, voire un « lien étroit » chez les 15-24 ans, les pics de chômage de mars 1993 et mars 1994 correspondant à des « maximums de suicide ». Mais, en ce qui concerne les plus jeunes, «  les statistiques de l'année 1996 pourraient annoncer une déconnexion entre chômage et suicide ». Autre facteur qui intervient : la famille. Certes, les personnes mariées se suicident moins que les célibataires, qui eux-mêmes se suicident moins que les divorcés et les veufs. Mais les différences s'estompent avec «  la banalisation des divorces et du célibat » qui, en privant un nombre croissant de personnes de la protection qu'apporte le mariage, favorise la hausse du suicide. Quoi qu'il en soit, la famille, en marge ou non du cadre institutionnel, «  semble [aujourd'hui] assurer moins bien la protection de ses membres face au suicide  ». Ce qui fait défaut alors, ce sont «  les points d'ancrage social ». Des liens dont semblent manquer singulièrement les jeunes adultes. En effet, « la moitié des suicides surviennent avant 50 ans », note l'étude qui s'interroge sur cette «  surmortalité récente des jeunes adultes  ». Faut-il y voir, comme son auteur le pense, le signe d'une société «  qui a beaucoup fait pour ses vieux », mais «  qui a quelque peu oublié ses jeunes et ses adultes d'âge actif  »  ? »

Notes

(1)   « Suicide et mal-être social »  - Population et Sociétés n° 334 - Avril 1998 - INED : 133, bd Davout - 75980 Paris cedex 20 - Tél. 01 56 06 20 00.

(2)  Voir ASH n° 2058 du 13-02-98.

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