ASH : Pourquoi ce site ? L.L. : De 1991 à 1993, j'ai travaillé dans une association s'occupant d'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées en lien avec une équipe de préparation de suite et de reclassement. Et je me suis aperçu que j'étais l'un des quelques handicapés à travailler dans ce secteur. Ensuite, m'intéressant à certaines activités sportives et ayant besoin d'être conseillé en ce domaine, je suis rentré un peu plus en contact avec les milieux des personnes handicapées et leurs difficultés. J'ai ainsi pu déploré l'absence, assez particulière en France, de programme réellement tourné vers les besoins des personnes handicapées qui vivent de manière autonome. Après un séjour, l'an dernier, au Canada où j'ai constaté le développement de l'Internet - qui est d'un accès beaucoup plus facile -, il m'a semblé intéressant de promouvoir la communication entre les personnes par le Web à partir d'un site personnel. Mais sous l'angle de ce que je ne trouvais pas. C'est-à-dire en laissant de côté l'approche classique politique et institutionnelle et le misérabilisme qui entoure les personnes handicapées. Soit, vraiment communiquer tous azimuts autour de ce qui manque ou de ce que l'on nous dit être fait et qui ne fonctionne pas. ASH : Par exemple ? L.L. : Cela part de préoccupations très personnelles mais en cherchant à montrer des évidences : dire ainsi que l'on parle beaucoup d'accessibilité, mais qu'elle est peu ou mal pratiquée, que l'on parle de handicap, mais que l'on ne connaît pas le sens du mot, que l'on parle du sport handi mais qu'on ne le présente pas... Par exemple, le mois dernier, j'ai évoqué un problème d'accessibilité dans une caisse d'allocations familiales que j'avais constaté lors d'une de mes visites. J'ai envoyé une copie papier de la page au directeur. Quelques jours plus tard, un réparateur s'occupait de l'ascenseur et j'ai reçu, il y a quelques semaines, une lettre du directeur général me disant qu'il faisait tous les efforts nécessaires. Même s'il s'agit pour l'instant d'un site personnel, je crois d'ores et déjà qu'en développant cette présence sur Internet sur des questions qui fâchent, on peut agir et modifier les comportements. Autre exemple, le site du ministère de la Culture est inaccessible aux aveugles et malvoyants navigant en mode texte. Madame la ministre va-t-elle le faire évoluer ? Ou ce site va-t-il exclure les aveugles et malvoyants, soit de 1 à 1,5 % de la population ? C'est l'une des questions posées ce mois-ci. ASH : Quel bilan dressez-vous de votre site ? L.L. : Au niveau de la consultation, le rythme moyen quotiden est d'environ neuf visites, ce qui est plutôt encourageant. Je pense en tout cas que ce site répond à un besoin. En effet, sur beaucoup de questions de vie quotidienne, il est nécessaire de taper fort pour faire évoluer un certain marasme de la situation faite aux personnes handicapées. A mon sens, il y a une régression au niveau de l'accessibilité qui est passée en arrière-plan, malgré la loi. Quant à l'avenir, je pense maintenir le site, à la fois informatif et polémique, en le faisant évoluer dans ses rubriques. Propos recueillis par I.S.
(1) Laurent Lejard : 46, rue d'Aix - 13001 Marseille - Tél. 04 91 91 97 00 - http://