ASH : Comment les associations de solidarité ont-elles accueilli le programme d'action et le projet de loi ? H.F. : La tonalité générale est plutôt bonne car il est clair que ce qui est proposé va dans le sens de ce que nous avions défini, depuis trois ans, comme priorités. Sur certains points, évidemment, nous souhaitons que l'on aille un peu plus loin et que le texte soit plus fort. ASH : Justement, quelles lacunes relevez-vous ? H.F. : D'un point de vue général, il nous semble, d'abord, qu'avant de vouloir renforcer les droits de chacun, il faut lutter contre le « hors-droit » et pas seulement sous l'angle de la fraude. Concrètement, il s'agit d'obliger les services sociaux et les organismes concernés à aller au-devant des personnes en difficulté ne bénéficiant pas encore de tous leurs droits. Ce devrait être un principe législatif. Par ailleurs, il faut absolument soutenir la capacité qu'ont les personnes en situation précaire à se regrouper et à participer à des dynamiques collectives grâce à l'instauration d'un chèque associatif ou syndical. Il est également nécessaire que tous les organismes de formation aient l'obligation de développer, en direction des professionnels dont ils ont la charge, des formations à l'accompagnement des publics en difficulté. Sachant qu'il ne s'agit évidemment pas de concurrencer les travailleurs sociaux. Dans le même ordre d'idée, la formation des bénévoles, qui est actuellement dotée de moyens tout à fait dérisoires, doit être élargie afin que l'intervention des professionnels puissent s'appuyer sur une mobilisation de toute la société. Nous souhaitons, en outre, qu'afin de s'inscrire dans la durée, la loi de lutte contre les exclusions fasse l'objet, tous les deux ans, d'un rapport d'évaluation remis au Premier ministre et présenté devant le Parlement. Enfin, il nous semble que le dispositif n'est encore qu'esquissé au niveau départemental, voire régional et local. Or, il doit impérativement être conforté par des plans transversaux articulant toutes les dimensions de la loi. ASH : Concernant les minima sociaux, les mesures contenues dans le programme et la loi répondent-elles à vos attentes ? H.F. : Nous n'avons cessé de dire que le niveau des minima sociaux maintient les personnes dans des situations de survie qui ne leur permettent pas de s'en sortir. Nous renouvelons donc la demande d'un relèvement de ces minima. D'autre part, sur le maintien des droits annexes, tels que l'aide médicale et l'aide au logement, nous pensons qu'ils devraient être liés à un niveau de ressources et non à une situation administrative donnée. Il faut don c absolument que cette question soit revue. Enfin, en ce qui concerne les jeunes, notre position est claire. Etendre la loi sur le RMI aux moins de 25 ans serait tout à fait aberrant. Cela reviendrait à les enfermer dans une situation d'assistés afin de soulager la conscience de tout le monde. Avec le dispositif TRACE, au contraire, on offre aux jeunes la garantie d'une continuité de ressources liée à une activité professionnelle ou à une formation. Nous souhaitons d'ailleurs que celle-ci puisse être sur trois ans et pas seulement sur 18 mois. Néanmoins, il nous paraît très important que l'augmentation prévue des fonds d'aide aux jeunes soit articulée avec la mise en place d'un système d'avance financière qui permettrait aux missions locales de mobiliser rapidement des ressources intercalaires entre deux activités. Propos recueillis par J.V.
(1) Uniopss : 133, rue Saint-Maur - 75011 Paris - Tél. 01 53 36 35 00.
(2) Voir ce numéro.