Vitrolles : quelle place pour le travail social ?

Après les nombreuses difficultés mettant aux prises les professionnels et la municipalité Front national (1), c'est au tour des animateurs des maisons de quartier de Vitrolles de s'alarmer de «  la détérioration des conditions de travail ». Si le conflit couvait depuis plusieurs mois, c'est le 6 mars que le feu a été mis aux poudres : insulté par des jeunes d'une maison de quartier, le premier adjoint avait alors demandé à l'animateur de la structure de lui donner le nom des responsables. Après avoir exposé, dans une lettre collective, leur refus de répondre à cette demande en invoquant «  la déontologie de leur métier » et «  la loi sur la protection des mineurs », les animateurs, qui s'étaient déjà mobilisés, le 18 mars, appelaient à nouveau à la grève le 25 mars. Pour l'intersyndicale CFDT Interco 13-CGT des fonctionnaires territoriaux de Vitrolles (2), cette affaire a, en effet, fait «  déborder le vase ». Et celle-ci de réclamer de «  véritables orientations municipales » pour la jeunesse, «  l'arrêt des pressions » sur les agents et «  la reconnaissance professionnelle » des animateurs, dont la majorité sont de simples vacataires.

Ce conflit vient relancer la question de la place du travail social dans les municipalités d'extrême droite. «  Une légitimité  » qu'il convient aujourd'hui de «  revendiquer  », affirme le mouvement Education et société, dans une « Lettre ouverte aux travailleurs sociaux de Vitrolles »   (3). «  Notre conception du travail social est incompatible avec une politique d'extrême droite », martèle-t-il, mais «  peut-être faut-il, aujourd'hui, l'affirmer de la façon la plus explicite qui soit ». En effet, l'approche éducative et sociale des personnes les plus en fragilité qui repose «  déontologiquement sur une prise en considération de l'autre » est « en totale opposition avec l'idéologie xénophobe de l'extrême droite », souligne-t-il . Et «  agir sur les antagonismes » et la libre expression des conflits, essentiels à la démocratie, est le propre du travail social, défend le mouvement, déplorant qu'une telle fonction n'ait pas «  droit de cité dans une municipalité d'extrême droite  ».