Avec l'augmentation des cas de séropositivité et les progrès thérapeutiques qui permettent l'allongement notable de la survie et la diminution de la gravité des troubles, le sida tend à devenir une affection chronique. On constate donc, « chez les couples dont un membre, soit l'homme soit la femme, a été contaminé par le VIH, couples dits “sérodifférents”, une demande croissante et pressante de fonder une famille ». Des observations qui ont motivé l'avis commun du Comité consultatif national d'éthique et du Conseil national du sida (1), rendu public le 20 mars, sur « les problèmes éthiques posés par le désir d'enfant chez les couples où l'homme est séropositif et la femme séronégative ». Mais si la demande de ces couples apparaît légitime, selon les auteurs du document, « au moment où certains reprennent une activité professionnelle [...] et plus généralement au moment où il leur est enfin permis d'imaginer un avenir », les possibilités qui leur sont offertes et notamment les plus récentes, méritent encore la plus grande vigilance. La solution des rapports sexuels non protégés au moment de l'ovulation est ainsi « à proscrire », jugent les deux organismes, car elle présente un risque trop grand de contamination. Quant à la technique de l'insémination artificielle avec le sperme « traité » (débarrassé du virus) de l'homme séropositif, elle offre « un nouvel espoir pour les couples sérodifférents », mais elle n'aurait actuellement qu'insuffisamment prouvé son efficacité. Dans ces circonstances, les autorités éthiques invitent à « une application soutenue des principes de précaution et de vigilance ». Elles insistent notamment sur la nécessité du consentement écrit des couples et sur leur information préalable quant aux risques encourus.
(1) Comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie et de la santé : 71, rue Saint-Dominique - 75007 Paris - Tél. 01 44 42 48 52 Conseil national du sida : 25/27, rue d'Astorg - 75008 Paris - Tél. 01 44 56 38 50.