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A Paris, menaces sur le centre du Moulin Joly

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Le centre du Moulin Joly (1) - un lieu d'accueil et de soins pour les personnes en situation précaire touchées par le VIH, les hépatites et d'autres pathologies infectieuses - serait, selon son personnel, « menacé de disparaître ». « On nous reproche, semble-t-il, notre recentrage autour des publics en grande difficulté avec le développement d'une activité de soins. Ce qui n'était pas prévu au départ », explique Laurence Crépin-Lebond, responsable du service social du centre. Créé en 1993 (par un arrêté signé par Bernard Kouchner, alors ministre de la Santé et de l'Action humanitaire) et ouvert en novembre 1995 dans le XIe arrondissement de Paris, ce site pilote a effectué 2 676 consultations médico-sociales en 1997   (2). Actuellement, il bénéficie du statut de « centre expérimental » jusqu'à fin juin 1998. Or, affirment ses salariés, la direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) de Paris, en charge du dossier, n'a encore donné aucune réponse sur sa pérennisation. En outre, dénoncent-ils, la subvention pour l'année 1997 n'a pas été versée. A la DDASS, on se justifie en expliquant que le centre dispose de « crédits non utilisés ». Quant à son avenir, on indique ne pas vouloir « anticiper » sur les résultats de la réunion qui doit avoir lieu, « dans les prochains jours » (probablement le 20 mars), avec les responsables de la structure. De son côté, le secrétariat d'Etat à la santé souhaite que l'on «  procède à une évaluation de la structure », tout en soulignant la nécessité de « resituer le centre dans le contexte parisien, riche en structures de contact avec les personnes en situation de grande précarité ». Au demeurant, précise-t-il, « quelle que soit la décision retenue, des solutions pour les personnels et les publics suivis seront trouvées ».

Les acteurs du social

La mort de Maud Mannoni. Figure incontournable du paysage psychanalytique français et fondatrice de l'école expérimentale de Bonneuil-sur-Marne, Maud Mannoni est morte, le 15 mars, à l'âge de 74 ans. Née en Belgique, diplômée en criminologie, elle était arrivée en France en 1948. Epouse du psychanalyste Octave Mannoni, disciple de Jacques Lacan et de Françoise Dolto, elle a consacré toute sa vie professionnelle aux enfants et aux adolescents psychotiques et autistes. Proche des psychanalystes anglais D.W. Winnicott et Melanie Klein, elle a notamment critiqué les notions traditionnelles d'arriération et de débilité. En 1969, elle met ses idées en pratique en créant l'école expérimentale de Bonneuil avec le psychanalyste Robert Lefort et les éducateurs Rose-Marie et Yves Guérin. Fonctionnant sur le principe, alors nouveau de « l'institution éclatée », celle-ci a un immense retentissement en France et à l'étranger et marque profondément toute une génération d'éducateurs spécialisés. « Maud Mannoni fut, après Deligny, l'une des premières à penser que les enfants parqués dans la psychiatrie pouvaient être accueillis dans la cité des hommes. Et à adresser des enfants dans des lieux de vie en province », rappelle Martine Fourré, psychanalyste et présidente de l'Association éthique freudienne et pratiques sociales. « Avec Bonneuil, elle souhaitait lutter contre la médicalisation de la maladie mentale. Pour elle, la prise en charge devait englober tous les aspects de la vie des jeunes, en particulier la scolarité », témoigne, pour sa part, Michel Bolo, l'actuel directeur de l'école. Et elle n'a eu de cesse de se battre pour conserver l'esprit novateur de l'école, agréée en 1975 comme hôpital de jour. Maud Mannoni a également « renouvelé profondément la psychanalyse d'enfant », tient à préciser la psychanalyste Claude Boukobza. « Sur un plan théorique et clinique, elle a ainsi défendu l'idée que le symptôme était pris dans le discours des parents. » En outre, « très à l'écoute des questions sociales, elle prônait l'idée que la psychanalyse devait se mettre au service des personnes en difficulté, en travaillant notamment dans les institutions ». Fondatrice en 1994, de l'association de formation psychanalytique de recherche freudienne, « Espace analytique », qu'elle a présidée jusqu'à sa mort, elle a aussi exprimé sa pensée au travers de nombreux ouvrages.

Notes

(1)  Centre du Moulin Joly - 5, rue du Moulin-Joly - 75011 Paris - Tél. 01 43 14 87 87.

(2)  Le centre emploie huit salariés et plusieurs vacataires pour un budget annuel d'environ 4,8 millions de francs provenant de la CPAM, de la DDASS et, pour une petite partie, de l'AP-HP.

LE SOCIAL EN ACTION

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