Le programme triennal de prévention et de lutte contre les exclusions, présenté le 4 mars en conseil des ministres (1), suscite des réactions contrastées. Du côté des associations de chômeurs et du comité de chômeurs CGT, qui manifestaient le 7 mars à Paris, on estime que si ce programme comporte « des avancées positives », il est loin d'être suffisant. Et l'on réclame, une nouvelle fois, une revalorisation des minima sociaux. En revanche, parmi les associations de solidarité, on se montre plutôt satisfait même si l'on entend rester prudent. Il est vrai que les associations avaient été échaudées, l'an dernier, avec l'abandon, pour cause de dissolution de l'Assemblée nationale, du projet de loi de cohésion sociale.
Pour la Fédération nationale des associations d'accueil et de réadaptation sociale (FNARS) (2), « de nouveaux progrès vont être possibles » dans l'accès à l'emploi et au logement, la prévention des expulsions, l'assurance maladie pour tous et le droit à l'insertion des jeunes. Mais le programme présenté par Martine Aubry « doit encore être amélioré pour que l'action soit véritablement multidimensionnelle et globale ». Ainsi l'organisation souhaite-t-elle, notamment, l'indexation des minima sociaux sur le SMIC et non sur l'inflation, l'intégration des engagements budgétaires du programme dans la loi, le soutien des partenaires sociaux pour l'amélioration de la couverture santé et chômage et « la consolidation des outils spécialisés dans l'accompagnement des plus démunis ». De même, à ATD quart monde (3), on se réjouit que le programme gouvernemental privilégie une « approche globale et transversale » et aborde le problème de l'exclusion « en termes d'accès aux droits et pas seulement d'urgence ». On note également, avec satisfaction, la place accordée à la culture, à la jeunesse et aux sports ainsi qu'à l'Education nationale. Néanmoins, les responsables attendent d'avoir connaissance du projet de loi (qui doit être présenté le 25 mars en conseil des ministres) et espèrent « une mobilisation des acteurs à tous les niveaux : élus, administrations, associations... ». Quant au directeur de l'Uniopss (4), Hugues Feltesse, il estime que le programme est « une étape » mais qu'il faut « absolument aller plus loin ». Par exemple, poursuit-il, le cumul minima sociaux et salaire est « une disposition nécessaire », mais il faut l' « accompagner d'autres possibilités pour des personnes [auxquelles] les entreprises n'ouvrent pas leur portes », juge-t-il, en qualifiant de « modestes » les « chiffres proposés en matière de contrats emploi consolidé ».
(1) Voir ASH n° 2061 du 6-03-98.
(2) FNARS : 76, rue du Faubourg-Saint-Denis - 75010 Paris - Tél. 01 45 23 39 09.
(3) ATD quart monde : 23, rue de Bièvre - 75005 Paris - Tél. 01 43 25 70 56.
(4) Uniopss : 133, rue Saint-Maur - 75011 Paris - Tél. 01 53 36 35 00.