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Un plan de rattrapage pour la Seine-Saint-Denis

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Les établissements scolaires de Seine-Saint-Denis sont confrontés à « des difficultés hors du commun ». C'est le constat particulièrement alarmant que dresse le recteur d'académie, Jean-Claude Fortier, dans le rapport sur Les conditions de réussite scolaire en Seine-Saint-Denis, qu'il vient de remettre à Claude Allègre et Ségolène Royal. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : en 1996, le taux de réussite au baccalauréat général était de 65,6 % dans ce département, contre 74,5 % pour l'ensemble de la France, et le pourcentage de sortie sans diplôme atteignait 28 %.

Les causes de cette situation sont connues. La Seine-Saint-Denis semble en effet « concentrer et cumuler, de manière exacerbée, la majeure partie des handicaps sociaux de cette fin de siècle »   : une population dense et plutôt jeune, un parc de logements sociaux important, une délinquance préoccupante, un fort afflux de populations étrangères, un taux de chômage élevé, un endettement massif, un certain repli communautaire... Conséquence : de nombreuses familles sont de plus en plus déstructurées et n'entretiennent plus de véritable lien avec l'institution scolaire. Sans compter le développement d'un « climat de violence » qui n'épargne pas l'école. Au-delà de cet environnement défavorable, l'Education nationale porte, elle aussi, sa part de responsabilité. Ainsi, en France métropolitaine, la Seine-Saint-Denis est le département qui compte le plus grand nombre de collèges publics de plus de 1 000 élèves. En outre, la « médiocre qualité » des locaux scolaires et les problèmes de fréquentation des cantines n'améliorent pas le climat tendu qui règne au sein de nombreux établissements. « Insécurité et violence, malaccueil et malnutrition font de l'obligation scolaire une sorte d'épreuve qui rend l'accès au savoir difficile et dans certains cas impossible », constate Jean-Claude Fortier. Quant aux enseignants, souvent « jeunes et inexpérimentés », ils apparaissent « éprouvés » et beaucoup cherchent à quitter le département. De même, de nombreux postes d'encadrement ou techniques restent vacants. Il manque, actuellement, 105 conseillers principaux d'éducation, 41 chefs d'établissements et adjoints et 15 assistants de service social. Au final, même si le rapporteur souligne longuement les « atouts exceptionnels » du département en matière scolaire ( « des ressources humaines de très grande qualité, une activité pédagogique remarquable et une conduite départementale de premier ordre » ), la situation est grave.

C'est la raison pour laquelle les ministres de l'Education nationale et délégué à l'enseignement scolaire ont annoncé, le 2 mars, le lancement d'un plan de rattrapage pour la Seine-Saint-Denis. Celui-ci prévoit, en premier lieu, des mesures d'urgence :classement anticipé en zone d'éducation prioritaire d'une dizaine de collèges dès la rentrée prochaine, apport supplémentaire de 1 000 heures d'enseignement, création d'un département d'IUT et de deux sections de techniciens supérieurs. En outre, dès cette année, 12 médecins scolaires, 32 infirmières et 22 assistants sociaux seront nommés, en lien avec le plan de prévention de la violence scolaire (1). Un effort sera également fait en ce qui concerne les surveillants, les conseillers pédagogiques et les personnels administratifs et techniques. Quant aux emplois-jeunes, leur nombre sera doublé pour atteindre 3 500. Sachant que la limite d'âge sera portée de 26 à 28 ans afin d'encourager les candidatures (2). Le plan présenté par Claude Allègre et Ségolène Royal comporte, par ailleurs, un second volet définissant des orientations à moyen terme. Plusieurs principes sont ainsi énoncés, notamment diversifier progressivement les modes de prise en charge des élèves, augmenter le taux de scolarisation à 2 ans et améliorer les conditions de travail des enseignants et des élèves.

Notes

(1)  Voir ASH n° 2044 du 7-11-97.

(2)  Cette année, sur les 1 700 emplois-jeunes alloués aux établissements scolaires de Seine-Saint-Denis, seuls 750 ont été pourvus, faute de candidats.

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