Dans une circulaire du 4 février 1998, la direction générale de la santé (DGS) fixe les priorités, pour cette année, de la politique de réduction des risques de contamination des usagers de drogues, par les virus du sida, de l'hépatite B ou C. Le ministère indique que « l'évolution des crédits d'Etat de lutte contre le sida ne devrait pas permettre, en 1998, de procéder à des délégations de crédits supplé- mentaires au titre des mesures nouvelles ». Par conséquent, les directions départementales des affaires sanitaires et sociales (DDASS) devront procéder par redéploiements de crédits.
Dans ce contexte, la première priorité consiste à « consolider l'existant » et en particulier les programmes d'échange de seringues, et les lieux de contacts pour usagers de drogues actifs communément appelés « boutiques ». De plus, les DDASS sont invitées à proposer des perspectives de rémunération aux acteurs de terrain (usagers, ex-usagers de drogues, ou personnes ayant des compétences spécifiques) « adaptées à leur expérience et aux responsabilités qui leur sont confiées autant qu'à leurs diplômes ». En effet, précise la DGS, « il ne peut être envisagé de maintenir durablement ces personnes dans un statut précaire si, dans le même temps, il leur est officiellement reconnu de réelles capacités professionnelles et des responsabilités effectives en matière de prévention ».
Deuxième axe pour 1998 : le développement de nouveaux programmes dans les villes de plus de 40 000 habitants ne disposant d'aucune action de réduction des risques (environ 70 villes sur 160). Toutefois, avertit la DGS, les lieux d'implantation d'appareils mécaniques de distribution de seringues doivent être choisis en étroite concertation non seulement avec les élus, les services de police mais également avec les associations de prévention locales.
Dernier objectif : favoriser l'émergence d'une véritable culture de réduction des risques chez l'ensemble des acteurs du champ sanitaire et social. La DGS constate que les structures de premier contact (boutiques, bus...) rencontrent des difficultés à passer le relais au dispositif de droit commun (hôpital, services sociaux, centres d'hébergement et de réadaptation sociale [CHRS]...) ou spécialisé (centres de soins aux toxicomanes). Ainsi, explique le ministère, les boutiques solidarité, les points écoute, les CHRS et les hôpitaux « doivent, lorsque cela n'est pas le cas, acquérir une compétence en matière de réduction des risques, accueillir et créer du lien avec un public usager de drogues ». Quant aux services d'accueil des centres spécialisés de soins aux toxicomanes, il convient de les encourager à aller au contact des usagers de drogues marginalisés, à leur fournir des outils de réduction des risques, à leur proposer un accueil informel, sans condition, sans rendez-vous, assorti ou non d'autres prestations.
Enfin, les associations qui en ont besoin pourront obtenir auprès du Comité français d'éducation pour la santé des stocks de trousses de prévention.