Nul doute que, ces dernières années, les associations ont contribué à identifier de nouveaux besoins sociaux et à imaginer et expérimenter de nouvelles réponses sociales. Et que, dans la période de crise actuelle, elles participent à la restauration du lien social. Néanmoins, face aux contraintes des administrations qui les financent et aux changements rapides de la société, elles ont aujourd'hui beaucoup de difficultés à retrouver l'autonomie essentielle à la poursuite de leur projet fondateur. Une condition pourtant indispensable pour éviter de devenir de simples opérateurs des institutions ou d'être réduites à « l'impasse d'une protestation identitaire ». Comment alors les associations peuvent-elles s'adapter aux mutations actuelles sans perdre leur identité, s'interrogent les auteurs de cet ouvrage collectif ? Non pas, défendent-ils, en cédant à la mode des audits ou des consultants dont les méthodes, souvent issues du monde de l'entreprise, font l'impasse sur la question du sens de leur action. C'est dire, affirment-ils, la nécessité de comprendre « la réalité des manières de vivre et d'agir ensemble en milieux associatifs » en renouvelant l'approche sociologique de ces organisations. Cela afin d'offrir des outils adaptés aux responsables associatifs.
C'est en ce sens qu'a été menée, de 1990 à 1994, cette recherche née de la coopération entre des chercheurs et des responsables associatifs. Et dont l'intérêt est d'alterner la réflexion théorique et la présentation de cas concrets d'associations confrontées à des problématiques particulières (redressement judiciaire, professionnalisme, règles du marché...). Tout d'abord, l'ouvrage met en évidence « la dimension institutionnelle particulière » de l'association qui opère le passage de la sphère privée à la sphère publique autour de la défense d'un bien commun. Sachant qu'elle est également une organisation productive originale. Par ailleurs, insistant sur « l'imaginaire collectif » que met nécessairement en jeu la création associative, cette étude propose une problématique du fonctionnement associatif articulée entre autres autour du projet commun, de la « double compétence salariée et bénévole », de la « culture du lien social »... Le message, en tout cas, est clair : pour s'adapter aux mutations actuelles, les organisations n'ont pas à singer les entreprises. Car une telle logique, lorsqu'elle est plaquée sur la réalité associative « engendre plus d'effets pervers que d'effets bénéfiques ».
Sociologie de l'association - Sous la direction de Jean-Louis Laville et Renaud Sainsaulieu -Ed. Desclée de Brouwer - 210 F.