Le 20 janvier, le Premier ministre, Lionel Jospin, a rejeté, à l'Assemblée nationale, l'idée de relever tous les minima sociaux de 1 500 F par mois, comme le demandent les associations de chômeurs (1), en expliquant que « tout n'est pas possible, tout de suite ». Car accéder à cette revendication aurait un coût immédiat de 60 milliards et l'instauration d'un revenu minimum aux jeunes de moins de 25 ans engendrerait une dépense de 10 milliards, a-t-il précisé. Mais au-delà de ces raisons économiques, une telle augmentation pose « la question des relations entre ceux qui vivent des allocations et ceux qui sont payés au SMIC », a ajouté Lionel Jospin, mettant en garde contre le risque de « dérégler l'ensemble des rapports sociaux et des relations de travail » (2). Les collectifs MNCP, AC! et APEIS exprimaient aussitôt leur vive déception, prévenant que « le mouvement continuerait » si Lionel Jospin n'infléchissait pas sa position. Ils gardaient en effet un faible espoir que le Premier ministre, qui devait s'exprimer le 21 janvier au journal de 20 heures sur TF1, annonce, à défaut d'un relèvement de « tous » les minima sociaux, un coup de pouce au RMI et à l'allocation spécifique de solidarité. « Nous souhaitons qu'il assouplisse sa position », a également déclaré, le 21 janvier, Alix de la Bretesche, présidente de la FNARS, jugeant pour le moins indispensable d'indexer les minima sociaux sur le SMIC.
Les collectifs de chômeurs avaient d'ailleurs maintenu la pression en adressant, le 20 janvier, une lettre ouverte à Lionel Jospin : « Comment imaginer vivre avec 2 000 F par mois ? [...] Nous n'acceptons plus de vivre ainsi. » Néanmoins, s'ils n'avaient pas obtenu satisfaction, ils se félicitaient de voir plusieurs de leurs demandes prises en compte concernant notamment les modalités d'accès au Fonds d'urgence sociale (3). En outre, les collectifs de chômeurs se sont mis d'accord avec le chargé de mission, Marie-Thérèse Join-Lambert - qui doit rendre ses conclusions le 15 mars - sur un calendrier de travail pour les prochaines semaines. Quatre réunions devraient ainsi être consacrées à la mise à plat des minima sociaux (le 26 janvier), à l'indemnisation du chômage, aux droits des jeunes ainsi qu'au rôle des institutions chargées de l'emploi et de la gestion du chômage.
(1) Voir ASH n° 2054 du 16-01-98.
(2) Sur la question du revenu minimum, voir ASH n° 2054 du 16-01-98.
(3) Voir ce numéro.