Les salariés du secteur privé qui prendront leur retraite en 2015, après une carrière complète de 40 ans, devraient percevoir une pension de base et complémentaire se situant entre 60 % et 71 % de leur dernier salaire brut, selon une étude prospective publiée par la caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV), le 18 décembre, et présentée lors des Journées de la branche retraite (1). Cette étude, qui compare les pensions d'assurés partis en retraite à 60 ans sur la période 1994-2015 (assurés nés en 1934, 1940, 1945,1950 et 1955), actualise celle de 1995 en intégrant les accords du 25 avril 1996 sur les régimes complémentaires AGIRC et ARRCO (2).
Le taux de remplacement global brut de la retraite (rapport entre la pension totale et le dernier salaire brut) baisserait de 8 à 9 points pour les hommes, passant d'environ 70 % en 1994 à 62 % en 2015 et resterait presque stable à environ 70 %pour les femmes, selon les profils types de carrière. La CNAV estime l'impact des accords d'avril 1996 à une perte « d'au maximum deux points » de taux de remplacement pour les régimes complémentaires, par rapport à l'étude de 1995.
Les projections de la CNAV prennent toutefois pour hypothèse une hausse des prix de 2 % par an d'ici à 2015, une hausse du salaire moyen supérieure d'un point (3 % donc), une indexation des pensions sur les prix et un relèvement des cotisations de 5 points d'ici à 2015 (dont 4 après 2005). Même si, pour Jean-Luc Cazettes, président (CFE-CGC) de la CNAV, il s'agit d'aboutir à « une réforme du financement », en modifiant l'assiette des cotisations, notamment patronales, plutôt que de relever les taux.
Dans son document, la caisse étudie six carrières de référence (trois pour chaque sexe) de rémunérations différentes et compare les pensions d'assurés partant à 60 ans après 40 ans de carrière. Dans le cas d'une carrière masculine médiane (3), avec en 2014 un dernier salaire annuel d'environ 212 000 F, le taux de remplacement en 2015 est de 63 %. Il peut atteindre 64 %, avec un salaire final de 273 000 F. Les trois carrières féminines étudiées avec des salaires de fin de carrière compris entre 131 000 F et 252 000 F en 2014, se traduisent, selon l'étude de la CNAV, par des taux de remplacement plus favorables (respectivement 69 %, 68 % et 71 %). Et si l'on compare les cotisations versées au cours de la carrière et les sommes que l'assuré peut espérer recevoir pendant sa retraite, compte tenu de son espérance de vie, il apparaît que si un franc de cotisation d'assurance vieillesse versé au régime général rapportait 2,70 F aux hommes et 3,50 F aux femmes de la génération 1934, il rapportera environ 1,80 F aux hommes et environ 2,25 F aux femmes de la génération née en 1955. Quant au délai de récupération des cotisations versées, il passe de 7 ans pour la génération née en 1934 à 12 ans pour celle née en 1955.
Pour la CNAV cependant, la retraite du régime général « reste un bon investissement ». « D'autant qu'elle apporte la sécurité sur une période de temps d'environ 60 ans (40 années d'activité, 20 ans de retraite), ce que d'autres systèmes offrant des rendements comparables ne peuvent garantir. »
(1) « La retraite des salariés du secteur privé en 2015 » in Retraite et société n° 20/1997 - 75951 Paris cedex 19 - Tél. 01 55 45 51 08 - 90 F.
(2) Voir ASH n° 1973 du 3-05-96.
(3) La carrière médiane correspond, par exemple, à celle d'un assuré fictif qui aurait occupé toute sa carrière « le milieu de la classe » dans l'échelle des salaires des cotisants du même sexe nés la même année que lui.