Les responsables du SAMU social de Paris ont-ils vraiment le souci de communiquer avec les travailleurs sociaux ? La question peut paraître brutale. Et pourtant...
Le 17 décembre, Jacques Chirac a assisté, en présence de nombreux journalistes, au quatrième anniversaire de la création du SAMU social (1). A cette occasion, un « comité de parrainage » a été mis en place, auquel participent des entreprises qui se sont engagées à soutenir des actions de solidarité en faveur des sans-abri. Par ailleurs, les responsables du dispositif ont confirmé l'installation, en mars prochain, dans leurs locaux, de l'Observatoire de l'exclusion et de la grande précarité, dont la création avait été annoncée début 1996 (2). En outre, ils ont présenté la « Maison dans le jardin », une structure ouverte en septembre, à deux pas du centre de régulation du SAMU social, destinée à l'accueil des très grands exclus. Enfin, ils ont indiqué qu'une équipe mobile de jour, comportant un infirmier psychiatrique et un travailleur social, allait parcourir les rues de la capitale à la recherche des sans-abri « les plus exclus ». Autant d'initiatives qui peuvent évidemment intéresser, ou interroger, les professionnels de l'action sociale.
Or, de l'aveu même de la responsable de la communication du SAMU social, la presse destinée aux travailleurs sociaux n'a été ni informée ni conviée à cette réunion, les ASH n'ayant obtenu le dossier de presse que « de haute lutte ». Interrogée sur cet « oubli », la chargée de communication indique avoir reçu des consignes strictes du service de presse de l'Elysée qui, précise-t-elle, ne souhaitait pas une trop grande affluence. Ainsi, seuls étaient invités les télévisions, les radios et les agences de presse, ainsi que la presse médicale et nos confrères d'Espace social européen. Presque personne... en effet.
Les responsables du SAMU social ont toujours affiché leur souci de collaborer étroitement avec les travailleurs sociaux. C'est tout à leur honneur. Mais dans ces conditions, on comprend mal qu'ils ne prennent pas la peine de tenir les professionnels informés au travers d'une presse spécialisée qui, depuis quatre ans, rend compte régulièrement de l'activité du SAMU social. Faut-il croire qu'un certain affichage médiatique est plus important, à leurs yeux, qu'un véritable partenariat avec les acteurs de l'action sociale ? J.V.
(1) L'actuel président de la République avait fortement contribué à la création du SAMU social de Paris, en 1993, lorsqu'il était encore maire de la capitale. Le fondateur du dispositif, Xavier Emmanuelli, devait devenir, par la suite, secrétaire d'Etat à l'action humanitaire d'urgence des gouvernements Juppé. Il est toujours président du SAMU social.
(2) Voir ASH n° 1962 du 16-02-96.