Si 30 % des familles d'étudiants déclarent des revenus inférieurs à 100 000 F par an, le milieu étudiant « n'est toujours pas à l'image de la population » : plus de la moitié des personnes concernées sont issues des 14 % de familles situées dans la tranche supérieure des foyers imposables. D'où la nécessité de rechercher un équilibre entre les impératifs sociaux et « l e souci de faciliter la construction d'une vie étudiante plus autonome pour l'ensemble des jeunes dans l'enseignement supérieur », affirme le groupe de travail, mis en place au ministère de l'Educa- tion nationale, afin de réfléchir au futur plan social étudiant (1). Et qui devrait rendre ses conclusions au printemps prochain.
Dans le document intermédiaire qu'il vient d'élaborer (2), le groupe de travail s'intéresse ainsi aux « principales variables » de l'autonomie des étudiants. Rappelant que 38 % d'entre eux vivent au domicile familial et 62 % dans un logement autonome (chambre, cité U, appartement...), il déplore la forte dégradation d'une grande partie des résidences des CROUS. Et regrette que l'allocation de logement social (ALS) ait souvent incité les propriétaires à augmenter les loyers. Pour cette commission, la meil-leure solution semble être la constitution de « villages » étudiants à taille humaine et insérés dans un ensemble d'activités et services. Quant à l'offre de restauration proposée par les CROUS, faut-il ou non la recentrer sur la restauration sociale, s'interroge-t-elle ?Dans l'immédiat, elle plaide pour une évaluation plus précise des besoins en la matière. De même, le document relevant les inégalités de l'aide aux transports selon les régions, souhaite « ouvrir une concertation nationale » sur le sujet. Quant à la santé, elle reste « un sujet de préoccupation ». De 5 % à 10 % des étudiants en situation de « précarisation » n'ont pas recours aux soins, tandis qu'un nombre croissant ne dispose pas de couverture complémentaire. Insistant sur la nécessité d'une « approche globale » de la santé étudiante, le groupe de travail invite à repenser l'action des centres de médecine préventive universitaire dont les moyens n'ont pas été revalorisés à la hauteur des besoins.
Prioritaire également, le réexamen du système d'aides publiques aux étudiants. Connus, ses « effets pervers » aboutissent en effet à aider en priorité les familles les plus pauvres (grâce aux bourses) et les plus aisées (déductions fiscales) mais beaucoup moins les catégories moyennes. S'il reconnaît la nécessité d'apporter des corrections, le groupe de travail évoque aussitôt les difficultés de l'entreprise en raison des différences d'appréciations de la situation sociale des étudiants (3). Il relève à ce sujet le caractère peu opératoire de la notion de « budget moyen » de l'étudiant : revenus des parents, soutiens familiaux, dépenses réelles... quels budgets prendre en compte ?
(1) Voir ASH n° 2029 du 27-06-97.
(2) Document de travail sur les aides sociales et la vie de l'étudiant. Non publié.
(3) Voir l'étude de l'Observatoire de la vie étudiante - ASH n° 2049 du 12-12-97.