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L'Unapei dénombre 43 000 places manquantes pour les handicapés mentaux

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43 357. C'est le nombre de places qui manquent actuellement pour la prise en charge des enfants et adultes handicapés mentaux, ont annoncé, le 18 décembre, les responsables de l'Unapei (1). Une estimation réalisée grâce aux données rassemblées lors de sa « Journée de la dignité », du 18 octobre dernier (2). Sachant que ces chiffres ne concernent que les associations adhérentes à l'organisation. « Les besoins sont certainement encore plus importants si l'on prend en compte l'ensemble des personnes handicapées », précise Patrick Gohet, son directeur.

Dans le secteur adulte, c'est au sein des centres d'aide par le travail  (CAT) que les besoins sont les plus criants avec un déficit de 18 093 places. On trouve, ensuite, les foyers occupationnels et les services d'activité de jour et d'hébergement  (- 9 603 places), les maisons d'accueil spécialisées  (MAS) et les foyers à double tarification  (FDT) (- 5 159), les ateliers protégés (- 2 609) et l'accueil des personnes handicapées vieillissantes (- 1 614) dont la prise en charge constitue, d'ailleurs, l'une des préoccupations de l'Unapei. Quant aux jeunes, ils ne sont pas beaucoup mieux lotis avec 4 202 places manquantes en instituts médico-pédagogiques et instituts médico-professionnels, 813 en centres d'action médico-sociale précoce, 789 en services d'éducation spéciale et de soins à domicile, 370 en classes intégrées et 105 en crèches et haltes-garderies. Il existe, en outre, de profondes disparités régionales, déplore l'Unapei. A cet égard, l'Ile-de-France connaît un véritable « désastre » avec un déficit de plus de 6 700 places, tous secteurs confondus, considère Patrick Gohet. A tel point, a-t-il ajouté, que l'on « assiste à des “déportations” de personnes handicapées mentales vers la région Centre et la Belgique ». Autres régions nettement sous-équipées : la Basse-Normandie (- 5 050 places), le Nord-Pas-de-Calais (- 4 540), Rhône-Alpes (- 4 127) et la Bretagne (- 3 132). Aussi, estime l'organisation, faut-il créer, « en toute urgence et dans le cadre d'une programmation pluriannuelle », 10 000 places en CAT, 5 000 places en MAS et en FDT, et 350 postes d'instituteurs spécialisés.

Par ailleurs, évoquant la loi de 1987 sur l'insertion professionnelle des personnes handicapées - dont les 10 ans ont été fêtés le 11 décembre (3)  - l'Unapei a relevé « un déficit d'ambition » concernant l'insertion des handicapés mentaux en milieu ordinaire. « Actuellement, sur 180 000 personnes, seules 0,5 % en bénéficie alors qu'il serait possible d'aller jusqu'à 5 % », a expliqué Patrick Gohet. Celui-ci a notamment rappelé la nécessité de développer un système d'accompagnement des handicapés mentaux insérés en milieu ordinaire et d'instaurer, en cas d'échec, un droit de retour dans le secteur protégé. Une piste d'ailleurs évoquée, le 11 décembre, par Martine Aubry dans le cadre de la révision de la loi de 1987 l'an prochain.

De même, l'Unapei a précisé ses priorités au sujet de la révision de la loi de 1975 sur les établissements sociaux et médico-sociaux, annoncée également pour 1998. « Il faut passer d'un dispositif centré sur l'institution à  une approche privilégiant la personne  », a indiqué le directeur de l'organisation. Celui-ci s'est notamment déclaré favorable à la reconversion des moyens du sanitaire vers le médico-social, à condition que la culture médicale ne devienne pas dominante. « A l'hôpital, on soigne, dans le médico-social, on accompagne. Ce sont des métiers complémentaires mais différents », a-t-il souligné. Et il a réclamé, une nouvelle fois, la reconnaissance, dans la loi de 1975, des foyers à double tarification et des structures intermédiaires (foyers de vie, centres occupationnels).

Autre souhait de l'Unapei : l'harmonisation des politiques départementales en direction des personnes handicapées. Un domaine dans lequel « les collectivités locales contreviennent parfois à la législation et à la réglementation en vigueur », estime l'organisation. Laquelle va d'ailleurs effectuer un « recensement » des politiques sociales des départements, qui devrait être présenté, en mars prochain, lors de son forum : « Mars 98, le social au cœur des élections ». Ainsi, pour elle, l'admission à l'aide sociale ne doit pas être fonction des ressources et des placements financiers des demandeurs. De même, les personnes handicapées doivent pouvoir choisir, après 60 ans, entre la prestation spécifique dépendance et l'allocation tierce personne, « même si elles n'en ont pas eu besoin avant ». Quant à l'admission en établissements spécialisés, « elle ne doit pas être soumise à des pressions du département », comme l'obligation de résider sur le territoire de celui-ci.

Enfin, l'Unapei réclame la modernisation de la loi de 1968 sur la protection juridique avec l'harmonisation des pratiques des juges des tutelles, la reconnaissance du statut des salariés des associations tutélaires (notamment l'extension de la convention collective de 1966), l'augmentation des crédits accordés aux associations et une accentuation de l'autonomie et de la recherche de consentement des personnes mises sous tutelle.

Notes

(1)  Unapei : 15, rue Coysevox - 75876 Paris cedex 18 - Tél. 01 44 85 50 50.

(2)  Voir ASH n° 2042 du 24-10-97.

(3)  Voir ASH n° 2050 du 19-12-97.

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