La plupart des études sur le budget des étudiants oscillent entre deux figures contrastées :l'étudiant aisé ou démuni. Or, si les ressources de cette population sont effectivement très variables, la situation est loin d'être aussi simple, voire simpliste. C'est ce que démontre l'étude sur cette question que publie l'Observatoire de la vie étudiante (1), alors que se profile un statut social étudiant. En effet, constatent les chercheurs, « les étudiants ne sont globalement (ou tendanciellement) ni en situation de pauvreté, ni en situation d'aisance financière ». Ce qui n'exclut pas « qu'une frange non négligeable [d'entre eux] puisse être confrontée à des vives difficultés matérielles et que d'autres n'accèdent à des conditions de vie décentes qu'au prix de lourds sacrifices des parents ». L'étude montre que l'âge est « la variable de loin la plus déterminante » dans l'évaluation des revenus étudiants. Ainsi, les disparités varient de 4 100 à 4 600 F mensuels, pour les plus jeunes, et de 7 700 à 9 300 F, pour les plus vieux. A noter, précisent les chercheurs, que certaines « prestations invisibles », dont bénéficient les étudiants issus de familles aisées, ne sont guère comptabilisables. Et que le budget étudiant est d'autant plus difficile à analyser qu'il provient, directement ou non, de sources différentes. Concrètement, chez les jeunes, la part liée à une activité salariée est faible et l'aide familiale importante mais très contrôlée. En outre, elle est « différenciée selon le sexe et surtout très inégale selon l'origine sociale ». Sachant que cette inégalité est partiellement compensée par les aides publiques. En revanche, au-delà de 23 ans, la part du salaire est plus élevée avec une baisse des aides familiales. « Les inégalités sociales d'aide privée sont donc moins décisives mais elles sont aussi moins compensées par le filtrage des aides publiques. »
(1) Le financement de la vie étudiante - Jean-Claude Eicher, Louis Gruel - Ed. La Documentation française - 135 F.