Ségolène Royal, la ministre déléguée chargée de l'enseignement scolaire, a fait parvenir ses instructions aux recteurs d'académie concernant le plan de relance des zones d'éducation prioritaires (ZEP) qu'elle avait présenté le 29 septembre dernier (1).
La ministre en a précisé les grands objectifs. Le premier est celui de la réussite scolaire qui passe par le recentrage sur les apprentissages des élèves au sens large : l'acquisition des langages, des sciences et des humanités, l'éducation au civisme... Ségolène Royal a réaffirmé son souhait de développer la scolarisation des enfants dès l'âge de 2 ans « qui peut permettre [à ceux] des milieux défavorisés de mieux progresser dans leur structuration du langage ». Autre but :celui d'une répartition plus fine des moyens sur des bases encore plus différenciées qu'actuellement et en renforçant les liens des ZEP avec les bassins d'emploi et la politique de la ville. Enfin un partenariat actif dans les ZEP devra être développé, que ce soit avec les collectivités locales, les services de l'Etat, les associations mais aussi avec les familles et en particulier de milieu populaire.
Aussi, afin de mobiliser l'ensemble des acteurs du système éducatif, la ministre a-t-elle annoncé l'ouverture de trois chantiers. En premier lieu, Ségolène Royal a rappelé son intention d'organiser au printemps 1998 des assises nationales des ZEP. Les colloques académiques qui les précèderont porteront « sur des questions fondamentales telles que les pratiques pédagogiques ou le rôle de la communauté éducative ». Parallèlement, un questionnaire sera adressé à tous les enseignants de ces zones afin « de faire un bilan collectif de leurs expériences, [...] de recueillir leur avis et leurs récits d'initiative pour lutter contre l'échec scolaire ».
Deuxième chantier : les réseaux d'éducation prioritaires et les contrats de réussite. Afin de donner « un nouveau souffle aux ZEP », la ministre a souhaité la mise en place, autour d'elles, des réseaux d'éducation prioritaires constitués d'écoles et de collèges « dont la concentration de difficultés mérite une vigilance et une aide particulières ». De plus, les ZEP devront faire l'objet d'une « stratégie plus nuancée » en fixant des zones à taille humaine. En plus de ce redécoupage, chaque ZEP aura à redéfinir ses actions et à établir, avant février 1998, un projet « qui prendra la forme d'un contrat de réussite (avec le recteur mais aussi avec les partenaires concernés), [...] comportant des objectifs précis et des engagements réciproques pour la réussite des élèves ».
En outre, les collectivités locales, les enseignants et les parents d'élèves doivent être associés aux décisions prises par l'Education nationale. A cet égard, Ségolène Royal a annoncé le lancement d'une campagne nationale sur la représentation au sein des écoles et collèges des parents des milieux populaires et « d'un travail particulier sur les liens que l'école doit tisser avec les familles touchées par la grande pauvreté », en collaboration avec les services de santé, notamment.
Notons, enfin, que Catherine Moisan, inspectrice générale de l'Education nationale, auteur d'un rapport récent sur les ZEP, a été chargée « d'une mission d'impulsion et de coordination de la relance de la politique des ZEP ».
(1) Voir ASH n° 2039 du 3-10-97.