En mars 1997, environ un salarié sur six (1), soit 2,8 millions de personne, occupe un emploi à bas salaire (salaire au plus égal aux deux tiers du salaire médian soit 4 867 F net ), révèle une étude du ministère de l'Emploi et de la Solidarité. Premier constat, la proportion des salariés percevant un bas salaire n'a cessé de croître passant de 11,4 % en 1983 à 15,1 %actuellement. Cette progression est largement due à celle des très bas salaires (au plus égaux à la moitié du salaire médian, soit 3 650 F net ), dont la proportion a doublé, passant de 5 % à 10 % sur la même période. Un phénomène inquiétant qui s'explique notamment par la montée du travail à temps partiel (17 %des emplois en 1997, contre 8 % au début des années 80) puisque environ 77 % des salariés ayant un bas ou très bas salaire sont dans ce cas. D'autant que cette forme de travail est de plus en plus « subie », 43,5 % des intéressés souhaitant travailler davantage. Pourtant, si l'on restreint l'étude aux salariés à temps complet, la proportion des bas salaires atteint tout de même 10 %, dont 1 % de très bas salaires. Qui sont touchés ? Les jeunes, les femmes et « beaucoup plus souvent les personnes qui entrent dans l'emploi ou reprennent une activité », affirment les chercheurs.
Autre intérêt de leur étude :démontrer que cette progression des bas salaires s'accompagne d'un risque accru de demeurer, au moins à court terme, dans une zone de faible rémunération. Ainsi, parmi les salariés employés trois années successives, la part de ceux qui n'ont occupé que des emplois à bas salaires est passée de 5 %, pour les années 1983-1985, à près de 8 % en 1994-1996. De même, les alternances entre chômage et emploi à bas salaire sont devenues plus fréquentes. Au total, parmi les personnes ayant connu au moins une fois le chômage ou un bas salaire, la part de celles qui sont restées continûment pendant trois ans dans ces situations, est passée de 37 % en 1983-1985 à 54 % en 1995-1997.
Enfin, dans 30 % des cas, les bas salaires représentent aujourd'hui le seul revenu d'activité du ménage, contre 25 % en 1983. Plus souvent que la moyenne, les salariés à bas salaires appartiennent à des ménages de plusieurs personnes sans lien familial, ou constituent des familles monoparentales, constate la DARES.
(1) L'étude porte sur l'ensemble des salariés, à l'exclusion des contrats d'apprentissage et « assimilés », soit environ 18,5 millions de personnes.